L’Afrique est bien le futur de l’humanité dans plusieurs secteurs dont la démographie, les ressources naturelles, la potentielle de croissance économique… Toutes les grandes nations l’ont compris depuis belle lurette. Les grandes puissances également. D’où le foisonnement des sommets x-Afrique. Depuis les indépendances, la place de l’Afrique dans la division internationale du travail a peu changé et ce continent demeure principalement un exportateur de produits primaires non transformés, dont les prix instables a souvent tendance à se déprécier.
Dans le contexte actuel de mondialisation et d’émergence de nouvelles puissances, on a noté toutefois au tournant du 21 ème siècle une inversion des termes de l’échange en faveur de la croissance africaine et un appétit grandissant des pays émergents pour les ressources naturelles minières et pétrolières, et même pour les terres arables africaines.
L’Afrique est désormais convoitée par les puissances émergentes mais également par les puissances industrielles pour ses ressources (biodiversité, forêts, hydrocarbures, mines, terres arables) et pour un marché qui, de 900 millions de personnes en 2010, doit en atteindre 2 milliards en 2050.
Les nations africaines devraient préparer ce futur mais face à la corruption qui écume les économies africaines comment le continent peut-il profiter de tous ces sommets qui visent à nouer des partenariats avec l’Afrique ?
L’Afrique attire plus des partenaires
A quelques jours du Brexit, prévu au 31 janvier, qui mettra fin à 47 ans de vie commune et d’échanges privilégiés avec l’Union européenne. Un premier sommet est organisé ce 20 janvier 2020 à Londres pour relancer les relations économiques entre le Royaume-Uni et le continent. Le Premier ministre Anglais appelle à la création d’un partenariat avec le continent.
Devant les 16 dirigeants des 21 pays représentés, Boris Johnson plaide pour que le Royaume-Uni devienne « l’investisseur de choix » des pays africains. Plusieurs accords valant des milliards de livres vont être conclus.
Les relations commerciales entre Londres et les pays africains sont plutôt consistantes : + 14% de hausse pour les échanges entre 2018 et 2019, + 7% pour les investissements.
Avec le Brexit il faut souligner le risque de mettre en danger les exportations africaines protégées par les accords commerciaux européens, mais il peut aussi doper les investissements britanniques sur le continent. C’est pourquoi les 16 chefs d’État africain attendus à Londres pour ce premier sommet de l’investissement britannique en Afrique ont hâte d’en savoir plus.
Le Japon, la Russie, l’Inde, sans parler de la France, l’autre ancienne puissance coloniale, tous ces pays rivalisent dans l’organisation de sommets similaires. Et au petit jeu des comparaisons, l’évènement londonien fait pâle figure : 21 pays ont été sollicités par le gouvernement britannique, contre 43 invités par la Russie en juin à Sotchi, ou 51 par la Chine lors de son dernier sommet. Le gouvernement britannique a bien conscience du retard accumulé et dit avoir recruté 400 personnes à Londres et en Afrique pour réactiver les liens endormis.
Les analyses des effets actuels et prévisibles de ces nouveaux partenariats sont contrastées. L’émergence d’un monde multipolaire crée de nombreux espaces de liberté et des ressources pour les Etats africains en mesure de diversifier leurs partenaires. Elle est porteuse de risques et de chances pour un développement durable.
D’un côté, on peut mettre en avant les marges de manœuvre qu’offre la mise en concurrence des puissances ; les conditionnalités sont relâchées et l’Afrique bénéficie d’infrastructures, de projets de développement et de technologies adaptées. Les puissances émergentes sont ou peuvent être les moteurs ou les locomotives de la croissance africaine. De l’autre côté, les relations demeurent largement postcoloniales et l’Afrique reste exportatrice de produits primaires non transformés, avec parfois le non-renouvellement, voire le pillage ou le gaspillage, des ressources naturelles. En outre, les risques de réendettement sont grands.
Les nouveaux acteurs de la coopération : rivalité ou complémentarité avec les anciens acteurs ?
La coopération avec les puissances émergentes, dont notamment la Chine, modifie la donne. Elle se veut pragmatique, différenciant le champ du politique et des valeurs du jeu des intérêts économiques. Elle apparaît à la fois en phase avec les priorités africaines et moins cynique que la coopération occidentale qui sait concilier un discours sur les valeurs avec des pratiques de soutien aux dictateurs ou présidents à vie. Mais en même temps, elle n’appréhende pas certains problèmes de fond des sociétés africaines et présente de nombreux risques allant du réendettement de l’Afrique au soutien de la corruption et de régimes « kleptokrates » et au non-respect des normes internationales. Elle risque de retarder des avancées quant aux réformes institutionnelles, à la coordination de l’aide, à la responsabilisation des décideurs africains à travers l’aide par programme et à la prise en compte des biens publics mondiaux. La question de la coopération trilatérale entre pays émergents, pays du Nord et Afrique se pose avec acuité dans un monde multipolaire.
Après cinquante ans d’indépendance, l’Afrique demeure largement dépendante de l’aide et reste spécialisée dans des produits primaires. Le contexte mondial a en revanche profondément changé et l’Afrique a fortement diversifié ses partenaires. Les nouveaux enjeux sont pluriels. et l’afrique doit capitaliser en d’un vrai développement.
Afi’du