L’an 1 de félix Tshisekedi : les mesures anti-corruption annoncées, se font toujours attendre (Dossier)

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Dès son accession au pouvoir le 24 janvier 2019, le président de la République, Félix Tshisekedi a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. Le 13 mai 2019, devant les gouverneurs des provinces, le nouveau chef de l’Etat a rassuré sur son intention de lutter contre la corruption, qui fait perdre environ 15 milliards US, à la RDC, selon les dernières estimations du Professeurs Luzolo Bambi, ancien conseil spécial de Joseph Kabila.

« Je combattrai, avec la dernière énergie, la corruption, le détournement des deniers publics, le tribalisme, le népotisme, la concussion, le clientélisme, l’incivisme et j’en passe. Le respect des droits humains et libertés fondamentales sera assuré », a-t-il dit le 13 mai 2019, devant les gouverneurs et vice gouverneurs, à l’occasion du 1er séminaire de mise en train de nouveaux Gouverneurs élus et leurs adjoints. 

Un an après, les grandes décisions anti-corruption se font toujours attendre. Ses 12 premiers mois ont été caractérisé par plusieurs scandales financiers. Sur la longue liste, il y a d’abord l’affaire dit de “15 millions USD”. Le rapport d’audit de l’Inspection Générale des Finances (IGF) de juillet 2019, effectué auprès des sociétés pétrolières (Total RDC, SEP Congo, Cobil SA, SPA COBIL SA, SOCIR, ENGEN DRC, GNPP), de Rawbank et BGFibank, de la Direction Générale des Impôts, de la Direction Générale des Douanes et accises a fait mention de détournement de 15 millions USD de bonus de l’Etat. Ce montant, qui revenait à l’Etat, a été prélevé sur une créance de 100 millions USD à rembourser, par le trésor public aux sociétés pétrolières, pour compenser le manque à gagner réclamer résultant du gel des prix des produits pétroliers par le Gouvernement.  Trois personnalités ont été citées dans l’affaire, le Directeur de cabinet du Chef de l’Etat, Georges Yamba Ngoie, Conseiller chargé des questions financières et des produits stratégiques au Cabinet du Ministre de l’Economie Nationale et Célestin TWITE YAMWEMBO, Secrétaire Général à l’Economie Nationale. Le rapport a été envoyé en date du 31 juillet à la cour de cassation. Jusqu’à ces jours, les congolais attendent toujours les résultats sur l’affaire

Dans son propre cabinet, un de ses conseillers Dieudonné Lobo, coordonnateur en charge d’administration du chef de l’Etat, avec quelques collaborateurs du Président de la République, ont été mis aux arrêts et transférés à la prison centrale de Makala à Kinshasa. Ils ont été accusés d’avoir signé un contrat d’étude avec la compagnie Saint Louis BGM Sarl à la Miba au nom du chef de l’Etat, en détournant un montant de plus au moins 1 million de dollars américains. Cette arrestation a été rendue possible, suite à la lettre du 26 octobre dernier du gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Dieudonné Lobo et ses compagnons ne sont plus en prison, actuellement libre de leurs mouvements.

Surfacturation des projets, marchés de gré à gré s’invitent sur la table

Les douze premiers mois de Félix Tshisekedi ont été marqué par une mauvaise gestion des finances publiques. La Présidence de la République a utilisé 170,96 millions USD contre les prévisions linéaires de 73,98 millions USD, soit un taux d’exécution de 231,08% à fin novembre 2019. Comparé aux prévisions des dépenses annuelles de 80 millions USD, il se dégage un dépassement de 90 millions USD. Selon la loi relative aux finances publiques, le dépassement budgétaire constitue une « faute de gestion ».

Dans la mise en œuvre du programme de 100 jours, la passation des marchés publics a été caractérisée par le recours au gré à gré. L’attribution du marché de construction et de réhabilitation des bâtiments abritant la résidence et les bureaux du Président de la République, et les bureaux de ses collaborateurs situés à la cité de l’union africaine. Marché attribué à la société Démocratic Congo High tech construction Company SARL, en sigle « DCHTCC ». Le coût des travaux est évalué à 180 millions d’euros. Cette institution a par ailleurs attribué un marché de gré à gré de 57 millions USD HUSMAL SARL, créée 6 semaines avant l’attribution du marché. Rappelons au passage que, la société détient un capital social de 9 mille dollars américains. Selon un rapport de l’Observatoire de la dépense publique sur le contrôle d’exécution de la loi des finances de janvier à septembre 2019, le recours au procédure d’exception ont atteint un seuil de 84% pendant la période.

Selon le même rapport, la construction des bâtiments du complexe scolaire Mokengeli dans la commune de Lemba et de l’école primaire, maternelle du camp Colonel Tshatshi à Kinshasa a coûté plus chère à la république, voir même surfacturé. La première a été financée par le Fonds de Promotion de l’Industrie (FPI) à hauteur de 1 880 000 USD et la seconde chiffré à 3,299 millions USD par le trésor public.  Pourtant, la Loi portant reddition des comptes de la loi des finances pour l’exercice 2015 renseigne que la construction d’une école de 6 salles de classe plus bureau, points, équipements coûte entre 125.000 USD et 130.000 USD. L’école la plus cher coûtait 150.000 USD, souligne l’ODEP.

Pas de poursuite contre ses alliés et les dignitaires de l’ancien

Félix Tshisekedi na pas non plus chercher à fouiner dans le passé. Plusieurs affaires de corruption, qui caractérisent le régime de son prédécesseur sont restées impunies.

Lors de l’ouverture d’examen du projet de loi de finances pour l’exercice 2020, le député national élu de Moba, Christian Mwando a dénoncé le détournement d’une somme de 650 millions de dollars américains par le Gouvernement Bruno Tshibala. En se référant au rapport de la reddition des comptes 2018, il a dénoncé l’achat des fournitures, des matériels de bureau qui ont été payés à 247 millions USD, l’exécution de 44 projets à hauteur de 467 000 000 USD, sans ouverture des crédits. Face à cette situation, la cour compte a demandé des sanctions. Cependant, la loi portant reddition a été votée au Parlement, sans donner réponse aux recommandations de la Cour des comptes.

Jusqu’à ces jours toutes les initiatives de contrôle ont été soit empêchées ou étouffées dans l’œuf. En date du 21 août 2019, l’Inspection Générale des Finances (IGF) a débuté une mission de contrôle de la gestion des comptes publics de la période comprise entre janvier jusqu’à Août, à la demande de l’Agence Nationale des Renseignements. Une période qui coïncide avec l’entrée en fonction du Président de la République, Félix Tshisekedi.

Cependant, le travail de cette institution Supérieur de Contrôle a connu des entraves et polémiques venant de toute part. D’abord, l’interdiction par le directeur de cabinet du président de la République, le 24 août 2019, de la mission de contrôle des dépenses publiques; le blocage, le 02 septembre 2019, de la mission de contrôle des entreprises membres de la fédération des Entreprises du Congo (FEC), notamment la BRALIMA, BRACONGO, COMEXAS, CENTRAL MOTORS et SOCIR ; l’interpellation et l’audition par la Police des inspecteurs des finances chargés de mener l’audit sur les dépenses publiques.

A cela s’ajoute l’affaire de 200 millions d’euros, qui continue de déchirer la coalition au pouvoir. L’ancien candidat aux dernières élections présidentielles et secrétaire permanent du PPRD a même menacé de paralyser le pays au cas où l’actuel président du conseil d’administration de la Gécamines était poursuivi par la Justice. 

Sur le plan institutionnel, les propositions de loi anti-corruption déposées au Parlement n’ont toujours pas été examiné. Les juridictions spécialisées et l’agence nationale de lutte contre la corruption ne sont pas jusque-là créées.

M@Valéry

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