En mars 2019, dans la commune de Limete à Kinshasa, le Président de la République Félix Tshisekedi a procédé au lancement du programme d’urgence de 100 jours. Plus de 400 projets ont été prévus pour un budget d’environ 304 millions de dollars, parmi lesquels figuraient la construction de neuf sites de saute-mouton dans la ville de Kinshasa. L’objectif du projet consistait à désengorger la ville de Kinshasa du spectre des embouteillages. Plus de 11 mois après, aucun ouvrage n’a été livré. fondationbintene.org/tsieleka revient ici sur les causes réels, à la base de la situation
Au début, d’abord les travaux sont confiés à l’Office des voiries et drainages (OVD) et l’Office des Routes (OR). Peu après trois entreprises sont recrutés pour la mise en œuvre du projet. Il s’agit de SAFRICAS pour la construction de Construction d’un saute-mouton au carrefour des avenues Libération et sergent Moke, d’un saute-mouton au carrefour du rond-point Socimat à Kinshasa, d’un saute-mouton au carrefour des avenues triomphal et Kasa-Vubu, d’un saute-mouton au rond-point UPN ; CREC-8 pour la construction d’un saute-mouton au carrefour des avenues du tourisme et de l’école au rond-point pompage ; CGCD pour la construction d’un saute-mouton au croisement des avenues de Libération et 30 juin/Kinshasa. Ces ouvrages devraient coûter environ 21 millions de dollars, selon le programme.
Mauvaise planification
Les travaux lancés pour trois mois, la construction des ouvrages sont mis à œuvre à ces jours pour une durée indéterminée. Au mois de juillet 2019, après les critiques venant de tout bord, le Président de la République avait fait une visite d’inspection des travaux. Le Directeur Général de l’OVD avait assuré que les travaux pourraient s’achever fin décembre 2019. Depuis, aucun ouvrage n’a été livré.
Dans son rapport sur l’exécution de la loi de finances 2019, de janvier à septembre 2019, l’observatoire de la dépense publique a indiqué que l’absence de planification était l’une des causes principales du retard dans la construction de saute-mouton à Kinshasa.
« A la réunion d’évaluation tenue le 25 juin 2019, au cours de laquelle toute l’équipe de coordination du programme d’urgence de 100 jours a participé, aucun dossier technique n’a été mis à la disposition des participants : plan d’exécution des travaux, note de calcul, contrat de base signé avec les entreprises, etc. Ni l’Office des Voiries et Drainage (OVD) et encore moins l’Office des Routes (OR) a été en mesure de présenter aux participants la situation réelle des travaux. Même l’Autorité de Régulation de Marchés Publics a indiqué n’est pas disposer des contrats signés entre les entrepreneurs et le Gouvernement, dans le cadre de ce programme », a constaté l’ODEP.
Blocage des travaux à répétition
Selon les experts du Ministère des Travaux publics et infrastructures, le premier blocage des travaux, constaté au mois de juin-juillet était dû à l’absence d’étude de base. L’OVD a dû recourir par la suite aux professeurs de la Faculté de Polytechniques, département de génie civile de l’Université de Kinshasa, pour effectuer les études de faisabilité.
Ces études ont démontré la nécessité de revoir le projet. “Tout a changé sur le terrain, en terme de forme et la hauteur des ouvrages. Le budget, qui était prévu à 21 millions de dollars a été réévalué à 45 millions de dollars, soit le double du montant prévu au départ”, nous confie un expert du domaine de ponts et chaussées.
Lors d’une émission sur top Congo le 26 janvier, le directeur de cabinet du président de la république avait indiqué que les travaux de saute-mouton ont connu un taux d’exécution de 70%. En réplique, à la Radio Top Congo le Ministre des finances, Sele Yalaghuli avait révélé que les fonds nécessaires pour les travaux de saute-mouton avaient déjà été décaissé par le Trésor public. Le rapport de l’Observatoire de la dépense publique sur l’exécution des dépenses de l’état de janvier à septembre 2019 renseigne le décaissement de 19 731 987,2 USD en faveur du projet.
Au début du mois de février, le Ministère des finances a indiqué que le paiement cumulé de saute-mouton était de 21 millions USD et que le montant utilisé pour les travaux est d’environ 18 millions USD, soit 41,18%.
Sur le tableau indicatif de la situation financière de saut-mouton, rendu public par le Ministère des Finances, que Tsieleka a consulté, on peut apercevoir que le trésor public a effectué un paiement de 1,295 millions de dollars pour la construction de saute-mouton au carrefour de l’Université Pédagogique Nationale, alors que sur le terrain les travaux ne sont pas exécutés.
Sur le terrain rien ne marche
Dans la construction des ouvrages, la lenteur se fait sentir. Les travaux de construction de saute-mouton de Masina Pascal et du marché de la liberté, par exemple n’avancent pas. Quelques agents contactés par Tsieleka ont indiqué que certains de leurs collègues ont été envoyé en congé technique, faute de moyen financier.
Du côté de la population c’est le calvaire, le prix de la course de transport a pris de l’ascenseur.
« La circulation est paralysée aux heures de pointe. De la commune de Kimbanseke pour atteindre le centre-ville (Gombe), il faut faire plus de trois heures. Nous dépensons 5 000 Fc à 6 000 Fc par jours. S’il faut prendre la moto pour ne pas arriver en retard au service, nous dépensons 10.000 Fc par jour, nous confie un habitant vivant la commune de Masina.
Touché par des critiques, les cadres du parti présidentiel, l’UDPS ont effectué une visite jeudi 6 février pour faire le constat. Au terme de leur visite d’inspection des travaux, ils ont indiqué que 30% des travaux a été réalisé, contrairement aux différents discours entendus sur les médias.
Pour l’instant, les travaux de saute-moutons ne constituent plus une priorité du gouvernement, qui fait face en 2020 à un accroissement de 14% des dépenses contraignantes, la gratuité de l’éducation, le fonctionnement des institutions, etc.
Entre temps fin janvier 2020, sur une prévision linéaire des recettes de 1.435,4 milliards de Fc, les régies financières n’ont mobilisé que 432 milliards de Fc, soit 30% contre les dépenses de 556 milliards de CDF. Au cour de la période, les opérations financières de l’état ont enregistré un solde négatif de 114 milliards de Fc. Alors que le déficit programmé étant de 17,8 milliards de Fc. De ce fait, il en résulte une marge négative de 96,5 milliards de Fc, a souligné le Ministère des Finances le 2 février.
Avec cette faible mobilisation des recettes, la construction de saute-mouton pourrait souffrir d’avantage.
M@Valéry