Le gouvernement de la ville de Kinshasa a lancé depuis le début du mois d’octobre le contrôle des tous les transporteurs. Une décision, qui intervient à la suite de la délivrance par les services des faux documents d’autorisation des transports, affirme le ministre provincial du secteur. Pour la réussite de la mission, la police nationale congolaise à travers ses unités de circulation routière a été mis à contribution.
Toutefois, la mesure est salutaire. Car elle permet à la ville de réguler le secteur des transports et accroître les recettes de Kinshasa. Mais, sur le terrain la décision tourne au cauchemar pour des nombreux propriétaires des véhicules.
Même si la consigne a été bien donnée par la hiérarchie de la police, sur le terrain le contrôle concerne tous les véhicules, des transports comme des privés. Sur le boulevard Lumumba, au niveau du quartier débonhomme. Non loin du chantier de saut-de-mouton, la Police règne en maître. A l’arrivée des reporters de Tsieleka deux véhicules privés sont arrêtés. Des documents sont saisis, y compris les clés de contacts.
“C’est une contravention routière”, indique un agent de la police de ton haut. Car, l’un des chauffeurs a refusé de se soumettre.
Partage entre amis des recettes publiques
Après arrestations, les deux véhicules sont conduits au poste de la Police de Circulation Routière (PCR), érigée à quelques mètres de la chaussée. Non loin de la station Cobil, dans la commune de Limete, quartier Salongo. Sur place une dizaine des véhicules sont placés en quarantaine. Dans son bureau, un agent de police dresse la liste de toutes les contraventions enregistrées chaque jour.
A côté de chaque contravention, l’agent de police prend soin d’écrire les noms de ses collègues, qui ont amenés le dossier. Ensuite, l’infraction est dictée de bouche à l’oreille, sans Procès-verbal de constat sur terrain. Une rétribution est accordée à chacun d’eux, à la clôture de la journée. “L’argent partagé, est tiré des recettes des amendes transactionnelles”, affirme l’un d’eux.
Pour donner du sérieux à l’acte posé, l’agent recours à l’arrêté du Ministre de l’Intérieur relatif à la fixation des taux des amendes de la Police. Une contravention est taxée à 20 dollars. A cela s’ajoute le refus de se soumettre à la PCR revient à 20 dollars également. D’autres amendes sont taxées jusqu’à 200 dollars, voir même 300 USD.
Pas d’agents de la DGRAD aux côtés de la police
La police nationale congolaise (PNC) est un service d’assiette au regard de l’ordonnance-loi de 2018, relative à la nomenclature des droits, taxes et impôts dus à l’Etat. Le service effectue la première phase de la chaîne de la recette : la phase administrative. La Direction générale des recettes administratives et domaniales (DGRAD), la seconde phase, qui est comptable.
Au poste de police de débonhomme, ces agents arrivent en retard, soit après 10 heures. Des agents de police négocient avec les assujettis, qui acceptent de remettent de l’argent entre leurs mains. “Nous sommes pressés, on n’a pas le temps d’attendre les agents de la DGRAD”, explique Serge un chauffeur taxis, rencontré sur place.
“Pour payer à la banque la Police nous exige de verser 25.000 FC des frais bancaires. Cela nous dérange beaucoup et nous n’avons pas assez des ressources. C’est pourquoi je préfère négocier avec eux”, a-t-il poursuivi.
Certains propriétaires des véhiculent que Tsieleka a rencontré sur place négocient directement sur la chaussé sans se rendre au poste de la Police. “Je viens de payer 80.0000 FC avant qu’on libère mon véhicule. J’ai proposé 10.000 FC, il ont refusé”, explique un agent du Ministère de la santé arrêté au poste de contrôle de débonhomme.
Des fictifs dans les effectifs de la police
Personne ne pouvait imaginer que le phénomène “Kop” a fait son nid au sein de la police de circulation routière. Un contrôle des effectifs est en cours pour vérifier les affectations. Samedi 17 octobre, les équipes du commissariat général de la PNC ont été visible au niveau des postes de Pont Gaby, à proximité du stade des Martyrs.
“Il y a plusieurs agents fictifs, qui se déclarent être libres. Ce sont eux qui sont à la base des nombreuses arrestations arbitraires des véhicules. Ils travaillent en complicité avec certains de nos chefs”, affirment un haut responsable de la police de roulage, rencontré à la place Pont Gaby à Kinshasa.
Regardez, poursuit-il, est-ce que dans la police on peut avoir des agents libres. Ils travaillent partout et leurs noms ne figurent nulle part. “C’est vraiment dommage”, regrette notre source.
Le 5 avril 2019 un nouveau barème avait été fixé et mis en application. Selon le document de la direction des ressources humaines du commissariat général de la police, on a noté une augmentation de 20.000 FC soit 12,1 dollars américains.
De ce fait, le commandant divisionnaire en chef a vu son enveloppe salariale fixé à 128 dollars américains, alors qu’il touchait jusque-là 116 dollars américains. L’élève policier de son côté touchera désormais 130.000 FC soit 78,7 USD contre 75,8 USD en 2018. Un salaire jugé de misère par quelques agents de la police, contactés par Tsieleka.
PM