La présidence de la République a pris des mesures conservatoires pour éviter l’hémorragie des finances publiques, après la démission du gouvernement Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Selon un communiqué du 30 janvier, signé par le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, Guylain Nyembo l’exécution des dépenses publiques est gelée, à l’exception des celles relatives à la rémunération.
Tous les ministères et autres services publics sont donc concernés. Il leur est également interdit la nomination, promotion, affectation du personnel.
C’est la deuxième fois que le président de la République prend une telle décision, depuis son accession à la magistrature suprême. Un certain 25 janvier 2019, Vitale Kamerhe alors directeur de cabinet du président de la République avait également pris la même décision.
Risques des dérapages
La décision de la présidence de la République n’est pas sans conséquences dans la vie nationale. Pendant cette période, en attendant l’entrée en fonction d’un nouveau gouvernement, aucun investissement public ne sera possible (construction des écoles, bâtiments publics, centres de santé,…) ; pas de mission de service,… Bref, le Congo est placé dans un bunker.
Tout sauf changement, devra obtenir l’aval du président de la République, comme en 2019. Hors, les congolais ont en mémoire le fameux procès des 100 jours. Une conséquence du gel des finances publiques, avec la mise en place d’un programme, sous la supervision du directeur de cabinet du chef de l’État. Et la présidence s’était octroyé le rôle d’ordonnateur des dépenses et des recettes. La mauvaise gestion a conduit à la baisse des réserves de change jusqu’à trois semaines d’importation des biens et services, violation du code des marchés publics et de la chaîne de la dépense publique, l’inflation a pris de la hauteur, …
Lors du procès, les avocats de la République avaient exhibé le fameux communiqué de Vital Kamerhe, qui selon eux était à la base des violations des règles de gestion des finances publiques en République Démocratique du Congo. Par la suite, ce dernier a été condamné à 20 ans de travaux forcés et croupi jusqu’à ce jour à la prison centrale de Makala.
Il faut assumer ses responsabilités
L’histoire risquerait de se répéter d’autant plus que, le nouveau directeur de cabinet jouera le même rôle. Le président de la République n’ayant pas la signature, son Dircab donnera des directives à la chaîne de la dépense et de la recette. Et pourtant, la loi relative aux finances publiques en détermine clairement les acteurs.
Pourquoi ne pas laisser la gestion des finances publiques suivre son cours normal et renforcer le contrôle ?
La loi relative aux finances publiques donne au ministère ayant en charge du budget le rôle du contrôleur budgétaire. Avec son équipe, ce dernier pourrait bien filtrer les dépenses prioritaires, conformément au plan d’engagement budgétaire. De même que son collègue de finances avant tout paiement. Étant donné que la chaîne de la dépense publique étant informatisée, un rapport sur les états de suivi budgétaire pourrait être déposé à la présidence de la République pour un éventuel contrôle de l’inspection générale des finances.
Anisi, la présidence évitera au pays les jours sombres. Il est urgent de tirer les leçons du passé, d’éviter le triomphalisme. Le pays a besoin de décoller. A cela, il faut une gestion orthodoxe des finances publiques. Ce qui passerait par le respect des règles établies.
Valéry Bakutweni