RDC/Bukanga-Lonzo: Matata, Kamonji, Munga et Lumbu, complices ou auteurs du détournement présumé de 20,7 millions $ ?

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Photo: Cérémonie du lancement du projet Bukanga-Lonzo

On en sait un peu plus sur l’identité des présumés auteurs de la débâcle du projet Parc Agro industriel de Bukanga Lonzo, situé dans la province du Kwango.

Dans un réquisitoire adressé aux deux chambres du parlement, le procureur général près la cour constitutionnelle a demandé la levée des immunités de Matata Ponyo et Ida Kamonji Maserwa (sénateurs). On trouve également les noms de Louise Munga et Lumbu Kiala, tous deux députés nationaux. 

Que reproche-t-on aux quatre parlementaires ?

Ces réquisitoires apportent des éléments nouveaux. Ces quatre parlementaires doivent justifier une bagatelle sommes de 20.756.613 $. Le procureur a également détaillé les responsabilités des uns et des autres dans la mise en œuvre du Parc, tout en se référant à l’audit mené par l’inspection générale des finances (Igf).

Les charges de chaque acteurs se présentent comme suit:

  1. Sénateur Matata Ponyo: le sénateur et ancien premier Ministre est accusé d’avoir utilisé sa position pour influencer le choix du gestionnaire du parc agro industriel de Bukanga Lonzo, le sud-éfricain Africom commodities. Ce, en violation du code de marché public. Le procureur étale également ses liens avec Christo Grobler, l’un des administrateurs de la société sud-africaine. Au démarrage du projet, deux membres de la Famille de Matata, précise le procureur, Kachoko Mbonda (son épouse) et Edouard Matata Shwiti (son père biologique) avaient constitué une société  Feed Africa Sarl pour mener également des activités agricoles au sein du Parc de Bukanga-Lonzo. Par après Feed Africa Sarl est devenue actionnaire aux côtés d’Africom, Jivento Group Sarl et Agri-Kwango Sarl. L’ancien premier Ministre est aussi reproché d’avoir ordonné le décaissement de 18.284.942 USD, affectés aux différents paiements sans respect de procédure et sans contrôle. Il a aussi ordonné le virement de 83% des fonds du projet, logés dans des banques en Afrique du Sud, sans obligation de la fiscalité en RDC.
  1. Sénatrice Ida Kamonji Maserwa: Directrice de la société Parcagri, l’une des trois sociétés nées de la convention d’actionnaires. Elle est accusée de n’avoir pas dénoncé la gestion chaotique du projet. Celle-ci a déclaré aux enquêteurs avoir géré 895.902,75 USD sur un décaissement total 927.962 USD;
  1. Député national Louise Munga: Selon le réquisitoire du procureur, l’ancienne ministre du portefeuille au moment de fait a signé avec deux administrateurs de l’Africom (Christo Glober et Peter Venter) le 24 mars 2014, une convention d’actionnaires, qui a crée trois sociétés: Société d’aménagement et et de gestion du Parc (Parcagri S.A), société d’exploitation du parc (SEPAGRI S.A) et Marché International de Kinshasa (Marikin S.A). Pourtant, ces mêmes représentants d’africom avaient déjà signé avec Louise Munga et ses quatre collègues le contrat de gestion du parc, le 20 février 2014. Avec Africom, l’Etat devrait verser 85% du capital et son partenaire 15%; dans la deuxième convention: l’Etat 70% et Africom 30%. Le procureur reproche à Louise Munga de n’avoir pas fait le suivi de l’utilisation des fonds décaissés par le trésor public et dit avoir occasionné l’enrichissement illicite;
  1. Le député national Lumbu Kiala: au moment des faits, ce dernier était comptable public principal affecté au cabinet du Ministre des finances. Ce dernier a perçu 1.543.710,46 USD pour les cabinets de l’agriculture, Economie, province du Kwango, Office des routes,  CMCT (lancement récolte des maïs), Ressources hydrauliques et lancement activité Parc agro industriel de Bukanga. Selon les réquisitoires du procureur, ce dernier n’a jamais fourni des explications sur l’utilisation de ces fonds.

Dans cette saga judiciaire, le gestionnaire du parc, Africom Commodities, doit également justifier l’utilisation de plus de 200 millions USD. 

Signalons au passage qu’en 2017, un audit diligenté par le Ministère des finances avait déjà pointé la mauvaise gestion des fonds décaissés dans le cadre du projet.

Valéry Bakutweni & Olivier Masini

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