Le président Félix Tshisekedi a finalement présenté le nouveau développeur du projet Inga, l’australien Andrew Forrest à la presse, dimanche 13 mai à Goma. Selon le Président de la République, le patron de l’entreprise Fortescue Metal Group est un ami du Congo, qui veut aider le pays à se hisser vers le développement.
Cette sortie médiatique est intervenue un jour après la protestation de la société civile, sur le choix de l’australien. “Les zones d’ombres persistent notamment autour des informations sur les étapes majeurs du projet Grand Inga, et des conditions d’implications des nouveaux candidats développeurs pour la mise en œuvre de ce projet”, a déclaré Mignonne Mbombo, coordonnatrice de l’ONG Toboyi Molili.
“Avec mines données en hypothèques, Tshisekedi vend le sol et sous sol de la Rdc à Forrest en se substituant au Gouvernement. Quelles contre-parties? », s’interroge l’ancien premier ministre Adolphe Muzito.
Et d’ajouter, “avec la cession de toute la capacité énergétique du pays ( 100 gwt : Inga 3, Inga 4, … Inga 8 et autres sites) Tshisekedi aliène en toute opacité, la souveraineté de la RDC « .
Opacité ou Intoxication?
Le recrutement d’Andrew Forrest s’est fait sans appel d’offres, contrairement à ce que prévoyait la loi sur la partenariat public privé en République Démocratique du Congo affirme la société civile. Pourtant la mise en concurrence des développeurs est l’une des exigences de la Banque africaine de développement (BAD) avant tout décaissement d’un appui au projet de 55 millions $.
Pour l’économiste Al Kitenge, la dénonciation d’Adolphe Muzito est une intoxication. “Le chef de l’Etat n’a pas parlé de mines avec Andrew Forrest. Il a annoncé qu’enfin la RDC a un développeur sérieux qui frappe à nos portes. Le gouvernement a signé un mémorandum en septembre 2020. Le chef encourage Forrest à conclure un contrat avec la RDC”, a-t-il réagi sur les réseaux sociaux.
“Nous allons aussi produire de l’hydrogène propre. L’investissement est de plusieurs dizaines des milliards de dollars. Environ 100.000 emplois sont à créer”, a déclaré Andrew Forrest à Goma.
Malgré ces assurances du développeur, les congolais ont en mémoire l’histoire de Dan Gertler. Ce dernier est arrivé au Congo par la petite porte et a été présenté en 2001 comme ami du Congo, par l’ancien président Joseph Kabila. Aujourd’hui, l’homme d’affaires fait la loi dans le secteur minier, après avoir acquis en toute opacité des royalties.
L’investissement de Forrest dans Inga pourrait paraître dans l’avenir comme un cadeau empoisonné. L’Etat congolais devrait sacrifier des carrés miniers en amont pour voir grand Inga se matérialiser, selon la “convention relative au développement de l’industrie verte en RDC”, signée entre les deux partis le 16 septembre 2020 à Kinshasa. Les mêmes causes produiront les mêmes effets, dit-on. La voie de la facilité est dangereuse pour les générations futures.
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