Le ministre des hydrocarbures Didier Budimbu est chargé par Felix Tshisekedi de faire la lumière sur les conditions d’obtention en 2006 d’un permis d’exploration dans les eaux partagées entre la RDC et l’Angola par la société offshore Nessergy appartenant à l’homme d’affaire Dan Gertler. Un épineux dossier dans lequel Luanda avait dépensé 150 millions de dollars en 2015 pour reprendre les droits de l’homme d’affaires israélien.
Le ministre congolais des hydrocarbures, Didier Budimbu a obtenu mandat du président Félix Tshisekedi, de ne pas ménager les proches de l’homme d’affaires israélien Dan Gertler.
Dans une lettre datée du 23 juillet obtenue par Africa Intelligence, Budimbu a sommé Hubert Miyimi, directeur général de la société nationale des hydrocarbures Sonahydroc, de lui livrer «dans les moindres détails et en toute urgence» les explications sur les accords et les transactions passées avec Nessergy. Cette société enregistrée à Gibraltar en 2006, propriété de Dan Gertler, qui s’était vue octroyer la même année un permis d’exploration de l’offshore profond dans la zone d’intérêt commun (ZIC) partagée entre la RDC et l’Angola.
Dan Gertler, qui ne quitte plus le territoire israélien depuis qu’il est visé par des sanctions américaines, a été l’un des amis les plus proches de l’ancien président Joseph Kabila, qui lui a octroyé nombre de permis miniers et pétroliers pendant ses dix-huit ans de présidence. Dans sa correspondance du 23 juillet au premier ministre Sama Lukonde et au ministre des finances Nicolas Kazadi – dont le président Félix Tshisekedi était en copie, Didier Budimbu rappelle que le contrat de partage de 2006 avait été signé entre Nessergy et la Cohydro (devenue Sonahydroc), à qui il demande aujourd’hui des comptes.
Le Ministre exige les détails sur « le transfert à la Cohydro des droits d’exploration et d’exploitation acquis à 100 % par Sonangol ». La société pétrolière nationale angolaise avait payé en 2015 environ 150 millions de dollars au profit de la Cohydro pour faire partir Nessergy de ce périmètre. Une manière pour les Angolais d’écarter Dan Gertler, mais surtout de reprendre le contrôle de la ZIC.
Selon plusieurs sources, Tshisekedi songe depuis plusieurs mois à relancer les négociations avec son homologue João Lourenço sur les frontières maritimes contestées, de même que sur le partage de l’exploration et de l’exploitation pétrolière. Et ce, dans l’espoir d’obtenir un partage des revenus des blocs 0, 14, 15 et 31 que revendique la RDC et où est extraite près de la moitié de la production pétrolière angolaise. Pour ce faire, il doit obtenir les clarifications nécessaires sur les opérations passées de la ZIC, concept inspiré par Luanda pour éviter de discuter des frontières maritimes et donc du partage de blocs producteurs.
A travers cette enquête, la RDC veut notamment clarifier les conditions et les contreparties de ce versement de 150 millions de dollars par la Sonangol et savoir de quelle manière cette somme, dont a bénéficié Nessergy, doit être remboursée à l’Angola qui détient les participations. Pour son rôle actif dans cette opération, l’ancien ambassadeur itinérant de Kabila, Antoine Ghonda, qui fut longtemps chargé de la relation entre l’Angola et la RDC et plus particulièrement de la ZIC, se retrouve désormais dans le viseur de l’administration Tshisekedi.
Quant à Dan Gertler, il ferraille sur un nouveau front contre la RDC. Après la reprise fin juin par l’Etat congolais des blocs 1 et 2 du lac Albert, jusqu’alors dans les mains des sociétés de l’Israélien, Caprikat et Foxwhelp , Gertler a récemment fait savoir au ministère des hydrocarbures qu’il s’apprêterait à lancer une procédure judiciaire pour contester la décision.
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