RDC-mobilisation des recettes, performance ou maquillage des chiffres ? [Edito]

0
923
Photo: Nicolas Kazadi, Ministre des finances de la RDC

Le Ministre des Finances a révélé au Conseil des ministres du 3 septembre, la situation de la trésorerie de l’Etat du mois d’août 2021. D’après Nicolas Kazadi, en termes de recettes, 891,6 milliards de CDF ont été collectées sur la période, soit 445 millions USD. Par rapport aux assignations budgétaires du mois d’août 2021, il s’est dégagé un taux de réalisation de 129%.

D’après l’argentier national, ces statistiques présentées constituent une performance justifiée par la consolidation de la dynamique pour la mobilisation accrue des recettes. En moyenne annuelle, on s’achemine vers 6 milliards $ à collecter d’ici décembre 2021. Est-ce vraiment une performance ? La réponse à la question paraît un peu paradoxale et embêtante à donner à l’immédiat.

Nicolas Kazadi se contente tout simplement à présenter une partie des statistiques, tout en gardant l’Iceberg, donc les dépenses engagées au cours de la même période. Comment peut-on acclamer, dès lorsqu’on ne sait combien a été affecté au fonctionnement, rémunération, investissement, … ?

Une chose est sûre, ces recettes demeurent faibles. Le président de la République, lors de la campagne électorale avait promis de mobiliser quelque 8 milliards de dollars l’an, soit environ 600 millions $ par mois. En se référant au programme de l’union sacré présenté lors de l’investiture du gouvernement  en avril dernier, on est loin d’atteindre les 12 milliards $ promis, soit 1 milliard le mois.

Selon le rapport des dépenses du Ministère du budget 70% des recettes sont utilisés pour les rémunérations, 3% pour les investissements, les restes dépensés pour la dette publique, fonctionnement et autres interventions de l’Etat. La majorité des dépenses restent non effectuées. Certains services publics affirment de n’avoir rien reçu au titre de fonctionnement, pas de frais de mission depuis le début de l’année.

Même si le ministre des finances se félicite d’une certaine performance, la RDC n’est pas encore sortie de la zone rouge. Le total réel  des besoins exprimés par les administrations du pouvoir central se situe à 70 milliards $ l’an. Si on y ajoute celles des provinces, on atteint environ 100 milliards $, selon le cadre des dépenses à moyen terme (CDMT) 2019-2021.

La flèche montante des recettes actuelle se justifie en partie des dettes envers l’Etat, effectuées par les opérateurs miniers, qui auraient été encaissées en 2020. Les 36 services d’assiettes encadrées par la DGRAD (Direction générale des recettes administratives et domaniales) restent en berne. Sans fichiers crédibles des assujettis, leurs prévisions ne représentent qu’une partie de la réalité du pays. Le Ministre des finances ne peut donc se frotter les mains en comptant simplement les quelques billets de banque encaissés par le trésor public. Les grandes réformes sont toujours attendues, pour faire basculer les recettes publiques en vue de l’application future du budget-programme.

Valéry Bakutweni

Article précédentRDC-exploitation illégale des mines: encore 9 chinois arrêtés à Mambasa sans titre de séjour
Article suivantRDC: Eve Bazaiba au pays-bas pour prendre part à une conférence sur le changement climatique

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici