Un tribunal américain a condamné l’Etat congolais par défaut, au début du mois de septembre à Washington, dans l’affaire l’opposant à Dig Oil, une société pétrolière sud-africaine. La RDC est désormais susceptible de voir ses actifs aux Etats-Unis saisis, à hauteur de 619 millions de dollars.
Comment la RDC a été lourdement condamnée? Une série de documents obtenus par nos confrères d’Africa Intelligence dévoile comment ce fiasco judiciaire doit beaucoup à l’action en sous-main de plusieurs ministres congolais.
Actionnaire de référence de la petite firme sud-africaine Dig Oil, le Congolais Nozi Mwamba s’est appuyé sur plusieurs conseillers de Félix Tshisekedi pour négocier un accord avec l’Etat, après le brouille avec l’équipe de Joseph Kabila. Parmi ces conseillers figure Nicolas Kazadi, devenu ministre des finances. Lorsqu’il conseillait le chef d’Etat, Kazadi militait déjà activement pour une solution négociée avec le pétrolier sud-africain. Une société qui a fait condamner en 2018 la RDC à l’indemniser à hauteur de 619 millions de dollars pour lui avoir retiré le bloc 1 du Lac Albert au profit de Caprikat et Foxwhelp (appartenant à l’homme d’affaires israélien proche de Joseph Kabila, Dan Gertler).
Après un semblant de succès, le ministre Nicolas Kazadi, alors ambassadeur itinérant du président, a fait publier dans la presse un mémorandum détaillant son implication dans la négociation d’un «acte transactionnel » avec Dig Oil. Ce qui faisait passer le montant des indemnisations dues au pétrolier de 619 à 300 millions de dollars et l’octroie d’un nouveau permis au groupe sud-africain.
Dans ce protocole d’accord, les négociateurs de la RDC se sont engagés à payer 8 millions de dollars à Dig Oil en gage « de bonne volonté ». Ce mémorandum, opportunément publié durant la période de formation du nouveau gouvernement, passe cependant sous silence les liens personnels de Kazadi avec Nozi Mwamba, fondateur et actionnaire de référence de Dig Oil, aux côtés de la femme d’affaires sud-africaine Andrea Brown.
Par ailleurs, la ministre de la justice Rose Mutombo Kiese aurait un temps tenté d’obtenir le feu vert en vue de tenter une énième négociation avec Dig Oil au sujet de l’arbitrage rendu en défaveur de la RDC en novembre 2018. Finalement cela ne sera pas le cas. Non seulement le président Félix Tshisekedi aurait enterré l’acte transactionnel de 8 millions de dollars mentionnant également l’octroi d’un bloc d’une valeur de 300 millions de dollars (en l’occurrence le 1 du Lac Albert situé à proximité des découvertes de Total en Ouganda) en échange de l’abandon de la créance de 619 millions de dollars, mais le chef de l’Etat congolais ne souhaite pas dans l’immédiat proposer de nouveaux pourparlers à Dig Oil.
Considérant que cet accord négocié par l’ancien ambassadeur itinérant et actuel ministre des finances Nicolas Kazadi était beaucoup trop favorable à Dig Oil, Felix Tshisekedi a confié au ministre Rose Mutombo Kiese le soin de mettre en place une stratégie globale en vue de contre-attaquer sur le terrain judiciaire.
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