Interpellé par l’Agence nationale de renseignements, le ministre des hydrocarbures Didier Budimbu a passé une nuit et une journée dans les locaux de ce service d’intelligence. Mais qu’est-ce qui a été réellement à la base de cette interpellation?
Selon Africa Intelligence, la résistance opposée par le ministre des hydrocarbures, Didier Budimbu, à l’homme d’affaires Dan Gertler, sur les deux permis d’exploration opérés de 2010 à 2021 par Caprikat et Foxwhelp, semble lui avoir valu 24 heures d’interrogatoires par l’agence de renseignement.
Selon l’information livrée par Africa Intelligence, le ministère du pétrole a négocié en mars avec les représentants de Dan Gertler un acte transactionnel, qui précise les modalités du retour dans le giron de l’Etat congolais de ces deux blocs pétroliers. Leur restitution avait été précédemment actée, le 25 février, dans un protocole d’accord global conclu entre l’Etat congolais et Dan Gertler. En échange de la cession de l’ensemble des actifs miniers et pétroliers détenus en RDC par le milliardaire israélien, cet accord permet à ce dernier d’échapper aux poursuites judiciaires engagées par Kinshasa, notamment celles lancées en fin d’année dernière devant la Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris.
Selon les informations recueillies par ce site, Didier Budimbu a refusé ces dernières semaines de finaliser l’acte transactionnel négocié en mars, tant que les données sismiques des blocs 1 et 2 ne seraient pas restituées à la RDC. Études sismiques engagées par Dan Gertler, qui avaient révélé des structures géologiques susceptibles de contenir du pétrole.
Ces études sont pourtant considérées par nature comme étant à risque, car susceptibles de ne déboucher sur aucun résultat. Si Kinshasa est prête à payer le prix fort pour récupérer ces données, c’est pour tenter ensuite de les revendre à un futur repreneur – le paiement des 131 millions d’euros pourrait ainsi intervenir seulement après l’attribution des deux blocs à un nouvel acquéreur.
L’entourage du ministre estime que ce refus est la cause réelle de ses démêlés avec l’ANR, et que les accusations de complot contre l’Etat n’étaient qu’un prétexte pour le contraindre à mettre en œuvre au plus vite l’acte transactionnel. Ses proches suspectent notamment un des conseillers du président, le juriste Taylor Lubanga, d’avoir joué un rôle dans la saisie de l’ANR et de défendre en sous-main les intérêts de Dan Gertler.
Au lendemain de l’interrogatoire du ministre par l’ANR, un disque dur contenant les données sismiques aurait été livré à la présidence par les conseils de Dan Gertler, notamment l’avocate Fidelie Palankoy, et en présence du directeur de cabinet adjoint du président André Wameso. C’est uniquement le 18 avril que ces données sont arrivées au ministère des hydrocarbures. Depuis, plus rien ne s’oppose à la mise en œuvre de l’acte transactionnel conclu avec Dan Gertler.
Tsieleka.com