C’est une décision surprenante. La ministre des Mines de la République démocratique du Congo, Antoinette N’Samba Kalambayi, cherche à annuler un décret accordant à l’Entreprise générale du cobalt (EGC) un monopole sur le cobalt artisanal produit dans le pays, a-t-elle déclaré mercredi à Reuters.
L’EGC a été créée pour acheter, traiter et commercialiser le cobalt artisanal par un décret gouvernemental en décembre 2019 et a été officiellement lancée le 31 mars de l’année dernière, mais elle n’a encore acheté aucun minerai de cobalt.
Les mineurs artisanaux, qui creusent le cobalt avec des moyens rudimentaires, sont la deuxième source mondiale du métal utilisé dans les batteries des véhicules électriques, après les mines industrielles du Congo.
Unité de la société minière d’État Gecamines, les opérations de l’EGC sont au point mort en raison de luttes intestines entre les ministères, d’un changement de direction à la Gecamines et de la difficulté à trouver un site artisanal viable où s’approvisionner.
Une violation de la loi?
Lorsqu’on lui a demandé son avis sur l’EGC, Kalambayi a répondu : « Je ne dirais pas que je suis pour ou contre, mais une chose est sûre : nous avons donné le monopole à l’Entreprise Générale du Cobalt (EGC), et c’est une violation des lois de la République. »
La ministre des mines ne cherche pas à dissoudre l’EGC, mais simplement à annuler le monopole légal dont elle dispose, a-t-elle dit, afin que toutes les entreprises puissent entrer en concurrence pour acheter du cobalt artisanal.
L’EGC n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire par courriel sur les remarques de la ministre.
S’exprimant en marge de la conférence Mining Indaba au Cap, Mme Kalambayi a déclaré que la décision d’annuler le décret serait examinée par le conseil ministériel du Congo et par le Premier ministre. Elle n’a pas donné de calendrier.
L’intégration de l’exploitation minière artisanale dans l’économie formelle est un casse-tête pour le gouvernement et pour les mines de cobalt industrielles, dont beaucoup ont des mineurs artisanaux qui creusent illégalement sur leurs concessions.
Mme Kalambayi a déclaré que la loi congolaise autorise les mines industrielles à céder une partie de leur permis aux mineurs artisanaux, et qu’elle soutient les entreprises qui travaillent à la formalisation du secteur.
« La formalisation est une priorité pour moi, car la République est perdante », a déclaré Mme Kalambayi, non seulement en termes de taxes non réclamées, mais aussi en termes de produits miniers qui sortent en contrebande.
Au Congo, l’exploitation minière artisanale n’est légale que dans une zone d’exploitation artisanale (ZEA), mais dans la pratique, elle a souvent lieu ailleurs, car il n’y a pas assez de ZEA possédant des gisements viables.
Interrogé sur les intérêts particuliers dans le secteur de l’exploitation minière artisanale dans lequel certains politiciens possèdent ou bénéficient de coopératives d’exploitation minière artisanale Kalambayi a déclaré : « Nous sommes en train de restructurer tout cela ».
Un porte-parole du négociant en matières premières Trafigura, qui a signé un contrat d’approvisionnement avec l’EGC en novembre 2020 et a prêté l’année dernière 5 millions de dollars à l’entreprise contre la livraison de cobalt sous forme d’hydroxyde, a déclaré qu’il ne commentait généralement pas les déclarations des ministres.
« La façon dont le gouvernement de la RDC décide de formaliser le secteur artisanal est une question qui les concerne, mais nous sommes déterminés à jouer pleinement notre rôle pour aider à ce que cela se produise », a déclaré le porte-parole.
Selon Trafigura, la production artisanale devrait représenter jusqu’à 30 % des exportations de cobalt du Congo cette année.
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