RDC: Pourquoi Kagame relance ses marionnettes de M23 dans les mines ? [Dossier]

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La situation qui prévaut à l’Est de la République Démocratique du Congo défraie la chronique. Les rebelles du mouvement du 23 mars (M23) ont repris du service, il y a quelques mois. La guerre reprend alors que le processus de paix a été lancé à Nairobi où tous les groupes armés ont été invités aux discussions avec le gouvernement pour trouver une solution à l’insécurité.

Selon plusieurs analystes, depuis l’annonce de la nouvelle Kagame se voit donc isolé et ses intérêts économiques sont donc menacés en République démocratique du Congo. 

Depuis 2019, suite à l’arrivée du Président Félix Tshisekedi au pouvoir, les relations entre les deux pays ont été harmonisées davantage. « Kagame est un frère », lâchait de temps en temps Felix Tshisekedi à ses détracteurs. Le pouvoir de Kinshasa est allé plus loin oubliant qu’il était en face d’un caméléon. 

Étendre son hégémonie en RDC ?

Avec des statistiques peu fiables, le président Paul Kagame et son gouvernement espèrent faire passer les recettes d’exportations minières annuelles de 373 millions $ en 2017 à environ 1,5 milliard $ d’ici 2024. Alors que la plupart des pays miniers africains laissent à des installations occidentales, le soin de transformer leur production de minerais, le Rwanda veut se charger de cette tâche sur son territoire. Il s’agit donc de donner la priorité aux investissements qui apportent de la valeur ajoutée aux produits miniers nationaux, notamment les 3T. Une croissance de 11,5 % espérée en 2021.

Pour y arriver, la RDC lui a offert en juin 2021 un tapis rouge à Goma. Cette rencontre entre Felix Tshisekedi et Paul Kagame a été sanctionnée par la signature d’un gros contrat. Dans sa logique, le Rwanda a obtenu la création en 2022 d’une joint-venture (société commune) pour le financement et la gestion des projets miniers, détenus par l’entreprise publique congolaise Sakima S.A. 

Il était, dès lors, prévu que les études préliminaires débutent en janvier dernier. Depuis, le projet boîte indique à Tsieleka une source du ministère des mines. Grâce à ce projet, Paul Kagame devrait étendre son hégémonie sur les mines de la RDC. D’abord, la société rwandaise Dither LTD devrait disposer d’un financement anticipé pour le début des opérations minières, établir une feuille de route pour la valeur ajoutée aux activités minières, y compris la mise en place de fonderies et d’autres infrastructures modernisées.

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Ensuite, les minerais contenus dans les périmètres de SAKIMA SA sont essentiellement la cassitérite (70 % d’étain), la colombo-tantalite (coltan, 17-40 % de tantale), le wolframite (54 % de tungstène), la monazite (terre rare) et l’or (95 % d’or pur). On y trouve également de l’argent, du cuivre, du plomb, de la tourmaline, du niobium, du diamant, etc.

La gentillesse de Félix Tshisekedi est allée plus loin, s’inquiètent les experts. La Sakima dispose d’un patrimoine minier regroupant 46 Permis d’exploitation (+/- 1.000.000 ha) et répartis dans les provinces du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et du Maniema.

Kagame frustré ?

Toutefois, les congolais ne sont pas dupes. Tout serait au point mort, d’après nos sources. Néanmoins, le pyromane a déjà beaucoup gagné, grâce à l’insécurité créée dans les parties Est de la RDC. Le rêve ne deviendra pas, peut être une réalité. Kinshasa reste déterminé à en découdre avec les groupes armés. A plus de 25 ans, Kigali a amassé des richesses et a fait de son pays une économie forte. Les experts de l’ONU ont par le passé mis en lumière et de façon détaillée la contrebande organisée par le Rwanda, qui extrait l’or et le coltan des zones de conflit congolaises.

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Bay View, l’un des plus gros investisseurs dans le secteur minier rwandais de 2006 à 2016, réclame aujourd’hui 95 millions de dollars de dommages et intérêts au gouvernement rwandais, alléguant que le régime a saisi les actifs de la société parce qu’elle refusait de participer à la « contrebande illégale rampante » de coltan et d’autres minéraux congolais vers le Rwanda. L’une des concessions de la société se trouvait près de la frontière congolaise, ce qui en aurait fait « un point de passage idéal pour la contrebande de minéraux », selon Bay View.

La société estime que la valeur de la production réelle des mines rwandaises n’est que d’environ 20 millions de dollars par an, une petite fraction des 412 millions de dollars que le gouvernement a déclarés dans ses chiffres d’exportation. Le soutien aux M23 constitue donc une pression de plus sur les autorités congolaises pour l’application des accords et réaliser son rêve, pendant que l’on comptera des morts et des congolais resterons dans la pauvreté.

Valery Bakutweni

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