En République démocratique du Congo, le secteur bancaire est de plus en plus pollué et en même temps il est en nette progression. Après le revers subi par la Biac (Banque Internationale pour l’Afrique au Congo), Afriland first Bank S.A serait en faillite indiquent des sources concordantes à tsieleka.com. A cet effet, la Banque centrale du Congo a décidé lundi 20 juin 2022 de la mise en place un comité d’administration provisoire pour assurer son redressement.
“Le conseil d’administration et la direction générale de cette banque sont dessaisis de leurs pouvoirs de gestion, à dater du 20 juin 2022”, dit la Banque centrale dans message publié lundi 20 juin dans la soirée. Ainsi, la BCC voudrait donc protéger l’épargne et toute personne disposant des avoirs détenus par Afriland bank, conformément aux 41 et 48 de la loi du 2 février 2002 relative à l’activité et contrôle des établissements de crédit. Dans un délai de 180 jours, l’équipe est appelée à présenter un plan de redressement de la dite banque.
Plus de 15 millions Usd emportés ?
D’après les réquisitoires du groupe d’actionnaires minoritaires, constitué principalement des Congolais, le partage des dividendes se fait de manière indue. Sur une période de 2009 à 2018, la Banque aurait perdu plus de 15 millions de dollars américains.
Le camerounais Paul Fokam, déclaré actionnaire majoritaire aurait bénéficié seul les dividendes des 10 dernières années de prospérités, indiquent le collectif des actionnaires minoritaires. Pendant cette période, Afriland First Bank S.A est parvenue à rehausser son capital à hauteur de 10,5 millions de dollars américains, grâce au management de l’ancien directeur général Souaibou Abary. Ce dernier est décédé en 2021, dans des conditions floues indiquent ses proches.
lire aussi-lire aussi- RDC: Afriland bank citée dans un nouveau scandale de 6,9 millions $
Selon les Statuts de la banque « les actions doivent être libérées au moins du quart de leur valeur à la souscription, le solde étant versé au fur et à mesure des appels par le Conseil d’Administration dans un délai maximum de trois ans à compter de la date de souscription », dit l’article 9. Ce qui n’est l’habitude à Afriland Bank, précise la même source.
Des activités illicites
Afriland First Group S.A est reconnu aussi dans des activités illicites. D’où elle est citée dans de nombreux scandales financiers. Alors que le groupe bénéficie d’une bonne cotation au caméroun.
Alors que les organisations de la société civile l’accusent de blanchiment des capitaux, les actionnaires minoritaires, eux assistent impuissamment à la descente aux enfers de la société financière. Selon eux, l’un des contrats signés par Paul Fokam stipule que la banque est tenue de payer 2% de son chiffre d’affaires annuel hors taxes en faveur d’AFGM. Une société au contour flou. « En réalité, il s’agit d’un contrat de façade puisque le vrai porte sur 10% du chiffre d’affaires annuel hors taxes en faveur de la même société. Et parfois, les paiements sont effectués d’avance », indique le groupe des actionnaires minoritaires, composé de Nsungani N’landu détenant 0,968% ; de Wivine N’landu 0,600% (…).
En Août 2021, un rapport de l’Ong The Sentry a révélé qu’Afriland First Bank était en liaison avec des entreprises nord-coréennes sanctionnées par l’ONU. BMCE Bank International, le partenaire bancaire désigné pour traiter des transactions en dollars et en euros pour le compte d’Afriland First Bank, a permis à la société nord coréenne Congo Aconde d’accéder à des devises internationales essentielles pour financer les activités en RDC, souligne le rapport.
Un rapport publié en 2020 “sanctions mine de rien”, rédigé par Global Witness et PPLAAF. Ces derniers ont aussi révélé des méthodes hors normes de ladite banque. “L’homme d’affaires israélien Dan Gertler aurait eu service de Afriland bank pour contourner les sanctions américains dont il fait l’objet”, soulignent les enquêteurs.
Des dettes non remboursées
D’après un agent qui travaille à Afriland, des conseillers de la présidence travaillent pour la liquidation de cette banque. “Les politiques veulent se servir de cette institution financière pour détourner l’argent à la Banque centrale. Tenez, l’année passée, un conseiller du chef de l’Etat a emprunté plus de 15 millions dans cette banque pour acheter les carrés miniers dans la province de l’ituri. Après l’achat, il voulait vendre ces carrés miniers à une firme canadienne, malheureusement ce dernier a refusé l’offre en dernière minute, pourtant toutes les garanties de rachat étaient données”.
Et d’ajouter, “les administrateurs de la banque ayant été au courant de cette affaire traitée par le directeur général, ce dernier a été suspendu. D’où la mise en place d’un comité de gestion approuvé par la BCC. Au stade actuel, Fokan est arrivé à Kinshasa, on veut le forcer à vendre ses actions…”.
Le groupe Afriland du camerounais Paul Fokam a racheté les actifs de la Fibank SA (First International Bank) en 2017 à hauteur de 40 millions de dollars, après sa dissolution forcée suite à une grande crise intervenue en 2015.
Avec ce passé obscur, la Banque serait sur le chemin de la mort. Pourtant fin 2020 le volume de dépôt avoisinait 39,5 millions USD, d’après certains actionnaires. Ce qui lui a valu d’élargir sa couverture à 16 agences et 10 guichets, répartis dans 15 provinces de la RDC, avec une clientèle évaluée à 204 994. Comme Fibank, Afriland n’est plus en mesure d’apporter des capitaux frais.
Valery Bakutweni