En République démocratique du Congo, l’acquittement total de Vital Kamerhe et ses compagnons dans l’affaire dite de 100 jours sonne comme une remise en question de la politique du président Tshisekedi de lutte contre la corruption.
Contre toute attente, condamné au premier degré à 20 ans des travaux forcés pour détournement présumé de 50 millions de dollars affectés au projet des maisons préfabriquées, cette fois-ci le juge d’appel a estimé que l’ex directeur de cabinet du chef de l’Etat congolais n’était impliqué ni de près et ni de loin dans ce dossier.
Qui va rendre compte ?
Visiblement personne, jusque-là. Le programme des 100 jours lancé en grande pompe en mars 2019, une semaine après l’entrée en fonction de Félix Tshisekedi était censé résoudre de nombreux problèmes sociaux: l’eau, l’électricité, aménagement de 374.42 Km de routes, construction et réhabilitation des écoles, hôpitaux, (…).
Des nombreuses irrégularités ont par la suite été enregistrées dans son exécution. Après avoir arrêté un budget prévisionnel de d’environ 300 millions de dollars, tout a explosé dans l’attribution des marchés de gré à gré. Environ 80% de la commande publique a été effectué en violation du code de la passation des marchés publics. Ces projets ont été par après évalués à plus de 2 milliards de dollars, d’après les statistiques de la société civile.
100 jours, c’est aussi quelque 496 projets enregistrés dans le feuillet distribué aux participants lors de son lancement, dans la commune de Limete. L’équipe de coordination aurait puisé plus de 400 millions de dollars des réserves de change pour exécuter le programme. D’après un rapport de la banque centrale du Congo, les réserves de change ont baissé à hauteur de 869,88 millions USD, à fin septembre 2019. Alors que l’ancien président Joseph Kabila à son départ a laissé environ 1,5 milliard de dollars, indique la même source. Rappelons-le le recours aux réserves de changes pour financer les projets du gouvernement est prohibé par la loi relative aux finances.
100 jours, il faudrait le rappeler a laissé d’énormes blessures dans le cœur de la population congolaise. On a assisté à l’effondrement de l’économie. Avec en tête la perte de pouvoir d’achat d’environ 40% suite à des fluctuations des taux de change. Des nombreux travaux d’infrastructures, lancés pour 3 mois pour bon nombre ont été abandonnés.
Après Kamerhe plus rien ?
Avant la libération de Vital Kamerhe, les directeurs généraux de l’office des routes et de l’office des voiries et drainage ont été libérés. Pourtant les deux personnalités ont géré plus de la moitié du budget du programme des 100 jours dans son volet route. Des nombreux rapports dont celui de la direction générale du contrôle des marchés publics ont démontré l’opacité dans la gestion des projets routiers.
Personne ne peut à l’instant indiquer avec précision ce qui a été réellement fait avec les fonds décaissés du trésor public. Après ces procès, la justice s’est tue. Personne n’a été poursuivi et personne n’en parle.
D’après un rapport de la Banque Centrale du Congo,les opérations de la trésorerie ont creusé en 2019 un déficit de 255,548 millions USD, suite à la gestion chaotique du programme des 100 jours. De même dans le circuit de la dépense, un écart des opérations budgétaires non justifiées a été constaté à hauteur de 2,887 milliards USD. Des causes qui restent non élucidés, d’après un document du ministère du budget de 2019. Qui vivra verra !
Valery Bakutweni