RDC-réduction du train de vie des institutions: Tshisekedi se place un couteau sous la gorge

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Photo: Félix Tshisekedi et Son épouse Denise Nyakeru

A quelques semaines du dépôt du projet de loi de finances exercice 2023 au Parlement, le président Félix Tshisekedi se dit de plus en plus inquiet de la qualité de la dépense publique. Selon le compte rendu du dernier conseil des ministres, le chef de l’Etat de la RDC a encouragé le Gouvernement à fournir plus d’efforts pour élargir l’espace budgétaire. Il s’agit non seulement, selon lui, de mobiliser plus de recettes publiques mais aussi de rationaliser les dépenses publiques.

Cette rationalisation, précise le compte rendu du conseil, passe impérativement par la réduction du train de vie des Institutions publiques, de façon à réduire substantiellement les dépenses courantes au profit des dépenses d’investissements sociaux et structurants.

Toutefois, ce discours n’est pas nouveau. Lors de l’élaboration de la loi de finances 2022, Félix Tshisekedi avait envoyé le même message au ministère du budget. La réalité est tout autre dans les faits.  Les allocations budgétaires de la présidence de République ont connu un accroissement spectaculaire. Elles sont passées de 312 milliards FC (159,8 millions $) en 2021 à 570 milliards FC (284,8 millions $) en 2022, soit un accroissement de 125 millions Usd (environ 40%).

Le rapport d’exécution de la loi de finances 2022 du ministère du budget, à fin juin révèle qu’elle a déjà consommé 178, 7 millions Usd, contre les prévisions linéaires de 139,9 millions Usd. Ce qui dégage un taux d’exécution de 127,7% en six mois. Si on compare la situation de juin à celle de mai dernier, l’écart des dépenses mensuelles se situe à 47,7 millions Usd, indiquent les mêmes sources. Pourtant, le plan d’engagement budgétaire de l’institution prévoit le volume mensuel des besoins à 23,3 millions Usd par rapport au niveau des crédits annuels fixés par la loi de finances 2022 autour de 279, 8 millions Usd.

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Incroyable hausse des besoins !

Entre 2020 et 2021, la Présidence de la République a épuisé ses crédits budgétaires annuels en 8 mois seulement, soit entre janvier et Août. Plus de 300 millions de dollars ont été dépensés par Félix Tshisekedi pendant l’exercice 2021, une première sous la troisième république en se référant aux statistiques du Ministère du budget. Ce qui représente trois fois plus le budget d’investissement agricole régulièrement payé par l’Etat. L’ancien président Joseph Kabila était à 187,9 millions de dollars américains en décembre 2018, quelques jours avant de quitter le pouvoir, renseigne la même source.

Rappelons que ces dépassements budgétaires sont nettoyés au cours de l’élaboration de la reddition des comptes par le ministère des finances. Ce, à travers l’imputation arbitraire des dépenses effectuées par la présidence de la république à d’autres services publics, affirme un expert du gouvernement contacté par la rédaction.

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D’après le rapport d’exécution du budget de juin 2022, cette hausse se justifie par la pression exercée par les besoins en fonctionnement et en rémunérations des services présidentiels. 8 484 agents sont alignés dans le budget de l’Etat, dont 1 096 affectés au cabinet du Président de la République contre 1.018 repris en 2021. Pourtant, Joseph Kabila en avait 445 indiquent quelques lois de finances consultées par la rédaction. A cela s’ajoutent une dizaine d’organismes publics nouvellement créés au sein de la Présidence, jouant le même rôle que le gouvernement.

De plus en plus de lignes budgétivores gonflent. Il s’agit entre autres de fond spécial d’intervention et des indemnités kilométriques, représentant plus de 100 millions Usd. De quoi, inquiéter davantage des organisations de la société civile qui militent pour la baisse drastique du train de vie des institutions.

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Dans un scénario publié en 2020, l’observatoire de la dépense publique (odep), une Ong qui travaille sur le suivi budgétaire estimait à plus de 1 milliard de dollars américains l’impact de la baisse du train de vie des institutions. Et l’exemple devrait partir d’en haut pour réussir l’opération des coupes budgétaires dans tous les services publics.

Valery Bakutweni

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