Les programmes de collecte de données biométriques numériques sont de plus en plus populaires sur le continent africain. Les gouvernements investissent dans divers programmes numériques pour permettre la saisie des informations biométriques de leurs citoyens à des fins diverses.
Un nouveau rapport de la Collaboration de International ICT Policy for East and Southern Africa (CIPESA) documente les tendances émergentes et actuelles de la collecte et du traitement des données biométriques en Afrique. Il porte sur le déploiement de programmes nationaux fondés sur la technologie biométrique dans 16 pays africains, à savoir l’Angola, le Cameroun, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, le Kenya, le Lesotho, le Liberia, le Mozambique, le Nigeria, le Sénégal, la Sierra Leone, la Tanzanie, le Togo, la Tunisie, l’Ouganda et la Zambie.
Le rapport publié est le neuvième consécutif publié par le CIPESA depuis 2014 dans le cadre de la série État de la liberté de l’Internet en Afrique.
Les programmes de collecte de données biométriques examinés par le rapport comprennent ceux liés aux enregistrements civils, tels que la délivrance de cartes d’identité nationales, les programmes d’enregistrement et d’identification biométriques des électeurs, les programmes de vidéosurveillance dirigés par le gouvernement avec des capacités de reconnaissance faciale, les initiatives nationales de passeport électronique, l’enregistrement des réfugiés et l’enregistrement obligatoire des cartes SIM biométriques.
Le rapport met en évidence les principales tendances, les risques potentiels, les défis et les lacunes liés aux projets de collecte de données biométriques sur le continent. Il s’agit notamment de l’engagement limité du public et des campagnes de sensibilisation, des cadres juridiques inadéquats qui augmentent les risques pour la vie privée, de l’exclusion de l’accès aux services essentiels, de la surveillance renforcée, du profilage et du ciblage, des intérêts conflictuels et des pouvoirs étendus des tiers, ainsi que des capacités et de la formation limitées.
En conséquence, l’étude note que ces programmes biométriques sont mis en œuvre dans des pays dont le bilan en matière de droits numériques est médiocre, la démocratie en déclin et l’autoritarisme numérique en hausse, ce qui jette un doute sur l’intégrité des programmes de collecte de données biométriques et des bases de données qui en résultent. Ainsi, considérés collectivement, les développements, tendances et risques décrits dans le rapport renforcent l’inquiétude quant aux menaces croissantes pour le droit à la confidentialité des données personnelles et aux violations potentielles des droits numériques sur le continent.
Enfin, le rapport présente des recommandations aux différentes parties prenantes, y compris le gouvernement, la société civile, les médias, le secteur privé et le monde universitaire, qui, si elles sont mises en œuvre, contribueront grandement à combler les lacunes, les risques et les défis en matière de protection des données et de la vie privée dans les pays étudiés.