Un nouveau rapport d’enquête publié ce jeudi 15 décembre par The Sentry intitulé « Détournement du système: comment un géant minier canadien a fait la loi en RDC » indexe Ivanhoe Mines. Cette organisation allègue qu’Ivanhoe a reçu des avantages illégaux en matière de délit d’initié et que dans une affaire distincte, la police canadienne recherche des preuves de corruption.
L’enquête porte sur le contrôle par Ivanhoé d’un gisement potentiellement très riche dans la ceinture cuprifère centrafricaine. Les informations examinées par The Sentry révèlent que la société de plusieurs milliards de dollars, dirigée par le fondateur d’origine américaine Robert Friedland. Ce dernier, selon les enquêteurs, s’est arrangée pour vendre des actions potentiellement lucratives de filiales locales à une personne politiquement connectée. Selon l’analyse de The Sentry, ces permis auraient dû être restitués par Ivanhoé il y a plusieurs années.
Ce rapport met également en évidence un détail non signalé auparavant dans le rapport annuel 2021 d’Ivanhoe, révélant que la police canadienne a exécuté un mandat de perquisition du siège social de l’entreprise, citant des motifs raisonnables de croire qu’au Congo, Ivanhoe avait violé la loi canadienne sur la corruption transnationale entre 2014 et 2018.
“Le peuple de la RDC mérite un gouvernement qui place la lutte contre la pauvreté avant les intérêts des initiés et des puissants. Cependant, dans ce cas précis, les informations dont nous disposons suggèrent que, avec des sommes considérables en jeu, la loi ne semblait pas s’appliquer à un opérateur de premier plan disposant de relations de haut niveau. Au minimum, les faits exposés dans ce rapport justifient des enquêtes approfondies sur la conduite d’Ivanhoe par les autorités compétentes dans plusieurs juridictions”, plaide Douglas Gillison, enquêteur senior chez The Sentry.
Pour Floribert Anzuluni, Senior Policy Advisor chez The Sentry, « Ivanhoe Mines et les capitaux que la société attire sur les marchés internationaux n’ont droit à aucune part de la richesse minière de la RDC au-delà des limites fixées par la loi congolaise. Ce rapport expose le type d’arrangements suspects, voire illégaux, qui sévissent depuis longtemps dans le secteur des ressources naturelles de la RDC».
Des proches de Tshiseke cités
Rappelons que des reportages récents dans les médias indiquent que le type d’arrangement suggéré par les faits exposés par The Sentry dans ce rapport, « Détournement du système », n’a peut-être pas pris fin avec l’ère Kabila. Des vidéos de caméras cachées diffusées en septembre de cette année montrent apparemment Vidiye Tshimanga, alors proche conseiller du président de la RDC, Félix Tshisekedi, affirmant détenir 20% d’une coentreprise non identifiée avec Ivanhoe Mines et disant à des personnes non identifiées qu’il croyait être des investisseurs potentiels qu’ils pourraient le payer en utilisant des arrangements commerciaux secrets et canaliser les paiements aux partis politiques en attribuant des contrats à des prestataires de services bien connectés, le tout avec l’approbation du président.
En réponse à la demande de commentaires de The Sentry sur les conclusions du rapport, Ivanhoe Mines a déclaré que ses opérations sont soumises à des politiques anti-corruption et à des contrôles internes stricts et que toute inférence de corruption ou d’acte répréhensible est « tout simplement incorrecte ».
Ivanhoe Mines a déclaré à The Sentry qu’elle coopère avec les autorités canadiennes et que les documents saisis par la police l’année dernière sont actuellement examinés pour identifier les documents protégés par le privilège légal. La société a également déclaré qu’à ce stade, elle n’avait pas mis de côté de fonds en prévision d’une sanction pécuniaire et n’a pas fait d’autres commentaires à ce sujet.
Le gouvernement congolais devrait, selon The Sentry, enquêter sur les conclusions présentées dans ce rapport et, si nécessaire, engager des poursuites si les lois ou réglementations pénales congolaises ont été violées.
Tsieleka.com