Après les mines, la République démocratique du Congo a entamé le processus de vérification des titres d’exploitation et de la conservation forestière. Deux revues ont été effectuées et validées par le Gouvernement au début du mois de Mars. L’initiative pourrait attirer les bailleurs de fonds dans le cadre du projet REDD+.
La société Project Planning and Management Ltd (PPM Ltd), basé à Sofia en Bulgarie, recruté pour faire ce travail avec le financement de l’Union européenne à la demande de la RDC a été la première à soumettre son rapport. La seconde revue a été menée par la commission interministérielle en place depuis le 20 avril 2022, créée par la ministre de l’environnement et développement durable, Eve Bazaiba. Quelques jours après l’audit de l’Inspection générale des finances.
La première revue de 81 titres révèle l’existence de 54 concessions forestières en situation irrégulière. La commission interministérielle par contre a constaté 21 titres irréguliers, même si son travail se poursuit.
Vers des poursuites judiciaires?
La commission interministérielle du gouvernement propose des poursuites judiciaires contres des autorités politico-judiciaires et les sociétés impliquées dans les différents dossiers. Des opérateurs privés qui ont obtenu en violation du moratoire, dans le cadre du Code forestier de 2002 et de la réglementation en vigueur, pourraient perdre des titres d’exploitation et de conservation forestière.
Il s’agit entre autres de Congo King Baisheng Forestry Development (COKIBAFODE), Congo Sunflower Forestry Development et Maniema Union. Ces sociétés exploitent une superficie de plus d’1 million d’hectares des forêts des provinces de la Mongala et de la Tshopo.
Sicobois, appartenant au belge Alain Somja, figure aussi sur la liste du Gouvernement. Cet entrepreneur aurait été arrêté puis incarcéré à la prison centrale de Makala en décembre 2008 avec 10 ressortissants étrangers pour détournement d’un financement de la Banque Mondiale, destiné à la réhabilitation et à la construction d’écoles, de routes et de logements sociaux, des projets gagnés dans le cadre des marchés publics. “Il aurait acquis des titres par la force sous trafic d’influence”, indiquent les auditeurs.
Un vaste programme de conservation de la nature en gestation
Selon le ministère de l’environnement, ces titres déclarés non-conformes représentent 55.381,62 Km2 des forêts de la RDC et s’emploie à les récupérer. Après résiliation des contrats irréguliers, un programme d’encadrement de 52.304,66 km2 de concessions sera par la suite mis en place. Objectif, la génération et la vente de crédits carbones, dont le potentiel financier est évalué entre 261,5 millions USD et 889,1 millions USD.
Pour ce faire, la Ministre Eve Bazaiba voudrait s’appuyer sur l’expérience de la société privée canadienne Ecosystems restoration associates congo/Wild works carbone (ERA RDC/WWC). Cette firme appartient à l’homme d’affaires Mike Korchinsky, dont l’initiative remonte en 2008, en réponse aux nouveaux développements de l’initiative REDD+ des Nations Unies.
ERA RDC/WWC a déjà vendu 13 millions de tonnes de carbone produits dans la Province de Mai-Ndombe, équivalant à 78 millions d’euros.