Le dernier communiqué de l’Inspection Générale des Finances (IGF) selon laquelle la paie des fonctionnaires n’affectera pas la dynamique du taux de change, ne cesse de susciter la réaction des économistes. Selon l’économiste Jean Paul Tsasa, le commentaire formulé par l’IGF n’est pas empiriquement soutenable dans le contexte spécifique de la RDC.
Dans une note parvenue à la rédaction de Tsieleka, Jean Paul Tsasa affirme que les agents économiques, y compris les fonctionnaires de l’État, réagissent à des incitations, et non à des directives ou consignes autoritaires. Les comportements économiques ne sont pas déterminés par des ordres d’autorité, mais par les réponses aux structures d’incitation économique.
«L’économie congolaise étant largement « dollarisée » et dépend fortement des importations pour répondre à la demande intérieure. Une part significative du salaire des fonctionnaires est consacrée à la consommation des biens et services. Les salaires des fonctionnaires sont payés en Franc congolais (CDF). Lorsque ces revenus sont utilisés pour la consommation, cela entraîne une augmentation de la demande de biens et de services.
En réponse à cette pression de la demande, l’économie s’ajustera soit par une augmentation des prix (provoquant une inflation), soit par une augmentation de la quantité de biens offerts (nécessité d’augmenter les importations. Cependant, pour importer, les devises étrangères doivent être acquises, ce qui affectera à son tour le taux de change», argumente-t-il.
Jean Paul Tsasa fait savoir par ailleurs que l’économie fonctionne davantage comme un système d’équilibre général, plutôt que comme un modèle marshallien simplifié. “nous ne devons pas ignorer l’effet d’hystérèse dans notre lecture des faits, car il existe toujours un décalage temporel entre une annonce et sa répercussion sur le comportement des agents économiques. Par exemple, la persistance de la dollarisation en est une illustration en dépit d’énormes efforts de la banque centrale” fait-il observer.
Pour l’auteur, l’efficacité de l’annonce concernant l’appréciation progressive du Franc Congolais est étroitement liée à la crédibilité de la Banque Centrale. Il est donc impératif que les politiques mises en œuvre soient crédibles et bénéficient d’une large confiance pour assurer leur efficacité optimale à terme.