La Coalition des organisations membres du Congo n’est pas à vendre a présenté ce mercredi 8 mai 2024 au cours d’une conférence de presse, sa note d’analyse sur l’appel d’offres pour l’exploitation de 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers lancés le 28 juillet 2022.
le Cnpav plaide pour la révision de cet appel d’offres pour éviter à la République democratique du Congo de perdre à nouveau des centaines de millions.
La Coalition « Le Congo N’est Pas A Vendre », s’inquiète de la manière dont le processus d’appel d’offre sur les blocs pétroliers et gaziers a été conduit. Plutôt qu’aux recettes tant rêvées, le CNPAV craint que le processus en cours mène à un endettement supplémentaire. Il appelle le Gouvernement à repenser ce processus en toute transparence et objectivité, et à éviter les discours tendant à exagérer les retombées attendues de ce secteur, générant des attentes injustifiées au sein de la population congolaise d’un essor futur pour le moins incertain.
Cette coalition revient sur l’opacité et le non-respect de la procédure d’attribution des blocs pétroliers qui ont fait perdre à l’Etat congolais environ 910 millions de dollars américains qui ne seront jamais récupérés. Pour avoir mal négocié et octroyé plusieurs blocs, l’État congolais a été condamné à payer 617 millions de dollars américains à Dig Oil et 240 millions d’euros à la société Caprikat et Foxwhelp de Dan Gertler. Ces sommes colossales n’ont pas permis de mettre en évidence la moindre réserve économiquement exploitable, et encore moins d’exporter un premier baril de pétrole.
“Nous avons commencé par l’analyse du processus d’appel d’offres. Comment a-t-il été lancé? Et nous avons trouvé qu’il y a des informations qui ne sont pas disponibles pour prouver que le processus a été correctement conduit. Le Conseil des Ministres a décidé de soumettre 16 blocs pétroliers au processus d’appel d’offres. Pourtant, ce sont 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers qui se trouvent sur la liste de l’appel d’offres. Aucun procès-verbal du Conseil des Ministres n’a retracé cette augmentation, violant ainsi les dispositions légales et réglementaires. Risque de conflit avec les anciens détenteurs : Certains blocs soumis à l’appel d’offre sont litigieux avec les anciens détenteurs, pour lesquels le gouvernement congolais doit encore des sommes indues. D’autres encore sont dans les zones interdites à l’exploitation, notamment les aires protégées et les zones écologiquement sensibles.”, a déclaré Jimmy Munguriek, membre de CNPAV.
La note relève aussi que la rentabilité économique des gisements soumis à l’appel d’offre reste douteuse par manque des études géologiques fiables. Elle évoque le cas de la société PERENCO-REP qui avait soumis des dossiers pour deux blocs pétroliers (Nganzi et Yema II) a très vite renoncé pour insuffisance des potentialités. En outre, depuis le lancement du processus d’appel d’offres en juillet 2022 à ce jour, aucun preneur ne s’est manifesté pour les autres blocs pétroliers. Trois reports des dates des dépôts des dossiers sont enregistrés jusqu’à ce jour, signe de manque d’intérêt de la part des potentiels investisseurs.
Ce manque d’intérêt peut aussi se justifier par le fait que le contexte global démontre clairement que l’on est en train de basculer des énergies fossiles vers les énergies renouvelables. Ceci justifierait le report de publication des résultats mais aussi la réticence des investisseurs à venir investir dans le secteur des hydrocarbures en RDC.
le CNPAV appelle le gouvernement congolais à retirer de la procédure d’appel d’offre tout bloc qui n’a pas été dûment désigné par le conseil des ministres et de clarifier la situation juridique des blocs inclus dans l’appel d’offre et ne pas attribuer de blocs dont la propriété pourrait être disputée par d’éventuels investisseurs antérieurs ou pour lequel l’investisseur sollicitait des garanties étatiques de rentabilité, pratique extrêmement risquée à l’ère de la transition énergétique et la lutte contre le changement climatique.
Olivier Masini