Dans le dernier numéro de la revue Congo Challenge, l’ancien premier Ministre Matata Ponyo et Jean Paul Tsasa ont examiné et documenté la mise en œuvre du programme du Fonds Monétaire International (FMI) en République Démocratique du Congo (RDC).
Parallèlement au programme de référence (2019-2020), cette analyse se concentre sur les six revues du FMI réalisées entre 2021 et 2024, dans le cadre de son programme triennal de Facilité élargie de crédit (FEC). Ces deux chercheurs ont établit que ce programme a, paradoxalement, renforcé les conditions propices au sous-développement en RDC malgré ses objectifs affichés de stabilisation économique et de croissance économique positive.
« Depuis 2019, la République Démocratique du Congo s’est engagée dans un programme de réformes économiques soutenu par le Fonds Monétaire International (FMI). Ce programme, élaboré en étroite collaboration avec le gouvernement congolais2, vise à adresser les déséquilibres macroéconomiques chroniques du pays, à réduire la pauvreté, et à stimuler une croissance durable et inclusive. Pour la période 2021-2024, le programme triennal du FMI s’est focalisé sur trois piliers, renforcement de la gestion des dépenses publiques et des redevances minières ; libéralisation des télécommunications et consolidation de la transparence des entreprises publiques ; amélioration de la gouvernance pour une gestion durable des forêts. Pour ce faire, des mesures de rigueur budgétaire, des réformes fiscales, ainsi que des actions visant à renforcer la gouvernance publique de manière générale ont été mises en place» peut-on lire dans cet article.
Selon cette étude, la mise en œuvre de ce programme s’est déroulée dans un contexte marqué par une série de scandales de corruption, qui ont jeté une ombre sur les efforts des réformes envisagées. En effet, depuis le début du programme, plusieurs affaires de corruption de grande envergure ont été révélées, impliquant des hauts responsables politiques et administratifs. Ces scandales, souvent liés à la gestion opaque des ressources publiques et à l’attribution des marchés publics suivant une procédure de gré-à-gré, ont mis en relief les défis considérables auxquels est confrontée l’économie de la RDC à l’effet d’instaurer une véritable culture de la transparence et de la responsabilité.
La persistance de la corruption en RDC a entaché l’intégrité du processus des réformes soutenues par le FMI durant la période 2019-2024. Elle a davantage érodé la confiance des citoyens dans les institutions et diminue l’efficacité des politiques publiques, dans la mesure où les ressources destinées au développement économique et social sont détournées à des fins personnelles ou partisanes, exacerbant ainsi la volatilité macroéconomique et les inégalités sociales.
« De plus, ces pratiques corruptives compromettent les efforts visant à améliorer le climat des affaires, à rationaliser les dépenses publiques et à attirer les investisseurs étrangers, conditions essentielles pour diversifier l’économie et réduire la dépendance aux exportations de minerais » affirme cette analyse.
Malgré des révélations flagrantes de malversations et de corruption, le FMI a continué de soutenir la RDC, en contradiction avec sa tradition de rigueur et de stricte conditionnalité.
En outre, il convient de rappeler qu’en décembre 2012, le FMI avait arrêté son programme de prêts à la RDC en raison d’inquiétudes quant à la transparence dans le secteur minier de ce pays. La raison immédiate invoquée par le FMI pour l’arrêt de ses prêts a été que les autorités congolaises avaient omis de publier un contrat minier conclu en juin 2011, où la Gécamines avait cédé 25% de la société minière Comide à Straker International Corp, enregistrée aux Îles Vierges Britanniques.