La société chinoise Zijin Mining Group Co. souhaite commencer à produire du lithium en République démocratique du Congo au début de l’année prochaine, à partir de l’un des plus grands gisements mondiaux de ce métal pour batteries.
Zijin accélère ses activités sur un site du sud-est du Congo toujours revendiqué par AVZ Minerals Ltd. L’entreprise australienne a entamé une procédure d’arbitrage contre le gouvernement congolais dans le cadre de ses efforts pour récupérer une licence d’exploration.
Le projet Manono devrait entrer en production au cours du premier trimestre 2026, a déclaré un porte-parole de Zijin. Cela en ferait la première mine de lithium en exploitation au Congo, deuxième producteur mondial de cuivre et première source de cobalt.
Les entreprises chinoises, dont Zijin, investissent massivement dans les ressources en lithium de l’Afrique, du Mali au Zimbabwe, même si les prix ont chuté de près de 90 % par rapport au sommet atteint en 2022. Elles cherchent à verrouiller les matières premières pour les raffineries du pays en prévision de l’augmentation de la consommation future de ce métal.
Si la surabondance actuelle de l’offre devrait se poursuivre à court terme, il y a encore « de la place pour la demande des industries mondiales des véhicules à énergie nouvelle et du stockage de l’énergie » à plus long terme, a déclaré Zijin en septembre. Les autres projets de lithium de la société se trouvent en Chine et en Argentine.
Zijin, qui possède des mines de cuivre, d’or, de lithium et de zinc sur les cinq continents, développe Manono dans le cadre d’une coentreprise avec l’État congolais et a obtenu une licence d’exploitation complète il y a quatre mois. L’actif est « considérable », avec une teneur moyenne de 1,51 % d’oxyde de lithium, a déclaré le porte-parole.
Différend juridique
L’explorateur AVZ a déclaré que la zone élargie est « le plus grand gisement de lithium en roche dure du monde ». AVZ, basée à Perth, a accusé le Congo d’avoir agi illégalement en reprenant l’ensemble de son permis, puis en attribuant la partie nord à une unité de Zijin en septembre 2023.
AVZ a déclaré que les tribunaux d’arbitrage ont ordonné au partenaire public de Zijin de cesser toute activité de développement de la zone de permis contestée jusqu’à ce qu’ils entendent les affaires. Le gouvernement est « en violation flagrante de plusieurs injonctions », a déclaré un porte-parole d’AVZ.
AVZ a déclaré le mois dernier que la police fédérale australienne avait perquisitionné ses locaux à la suite d’allégations de corruption liées au projet de lithium Manono. L’entreprise a nié tout acte répréhensible.
Une étude réalisée en 2020 par AVZ – qui aspirait à développer l’ensemble du gisement de Manono – envisageait la construction d’une mine de lithium qui ne serait éclipsée que par quelques projets géants en Australie, premier producteur, tels que Greenbushes d’Albemarle Corp. et Goulamina, récemment inauguré au Mali, a déclaré Thomas Matthews, analyste des matériaux de batteries au CRU Group.
Des études antérieures indiquent que Manono devrait être rentable, même avec les faibles prix actuels, a-t-il ajouté.
Zijin est « en totale conformité » avec toutes les exigences légales et réglementaires au Congo, a déclaré le porte-parole. « Nous sommes très heureux d’avoir reçu le permis d’exploitation de Manono et notre priorité est maintenant de procéder à son développement », a déclaré le porte-parole.
La société chinoise a refusé de préciser le niveau de production qu’elle vise, mais elle a l’intention de mettre en service l’usine de traitement par étapes. La coentreprise commencera par fabriquer et exporter du concentré et du sulfate de lithium, mais Zijin envisagera de procéder à un raffinage supplémentaire à Manono lorsqu’il y aura une alimentation électrique fiable, a déclaré le porte-parole. Une filiale a déjà remis en état une installation hydroélectrique voisine.
Zijin possède également des intérêts dans deux mines de cuivre au Congo, dont une participation de 39,6 % dans le complexe géant de Kamoa-Kakula, qui est un partenariat avec Ivanhoe Mines Ltd.
Le ministère des mines n’a pas répondu aux questions envoyées par Bloomberg, tandis que Cominiere – qui détient 39 % du projet Manono de Zijin – s’est refusé à tout commentaire.
