Les rebelles de l’est de la République démocratique du Congo ont exporté frauduleusement au moins 150 tonnes de coltan vers le Rwanda l’année dernière, entraînant la plus grande contamination jamais enregistrée de la chaîne d’approvisionnement en minerais de la région des Grands Lacs, ont indiqué des experts de l’ONU dans un rapport.
Les flux ont commencé après que le mouvement M23, une organisation dirigée par les Tutsis et prétendument soutenue par le Rwanda, se soit emparé de la région de Rubaya, qui produit des minerais utilisés dans les smartphones et les ordinateurs, à la suite d’intenses combats en avril.
Le contrôle par le M23 des voies de transport entre Rubaya et le Rwanda a conduit à ce que les minerais de Rubaya se mélangent à la production rwandaise, a déclaré le groupe d’experts du Conseil de sécurité des Nations unies dans son rapport, publié mercredi.
« Il s’agit de la plus importante contamination des chaînes d’approvisionnement par des minerais non admissibles enregistrée dans la région des Grands Lacs au cours de la dernière décennie », indique le rapport, qui fait référence à une vaste région comprenant le nord-est du Congo, le Rwanda et d’autres pays situés à l’est du Congo.
Cette situation complique la passation des marchés pour les fabricants de technologies, qui doivent s’assurer que les métaux utilisés dans leurs produits ne proviennent pas de zones de conflit comme l’est du Congo.
Le rapport indique que les rebelles ont établi un soi-disant ministère des mines dans le territoire occupé et ont assuré un monopole pour l’exportation de coltan vers le Rwanda à partir de Rubaya, qui possède l’un des plus grands gisements au monde de ce minéral stratégique.
De cette manière, les militants ont perçu au moins 800 000 dollars par mois en taxes sur la production et le commerce du coltan à Rubaya.
Sur le terrain, les rebelles ont doublé les salaires des creuseurs pour les convaincre de continuer à travailler à Rubaya et ont supervisé le travail forcé pour élargir les routes afin de permettre le transport par camion. Ils ont également patrouillé la ville et ses sites miniers pour s’assurer que les minerais n’étaient vendus qu’à des négociants congolais et rwandais autorisés.
En décembre, le Congo a déposé des plaintes pénales contre des filiales d’Apple en France et en Belgique, accusant l’entreprise technologique d’utiliser des minerais de la guerre dans sa chaîne d’approvisionnement. Apple conteste ces allégations et affirme avoir demandé à ses fournisseurs de ne pas utiliser les minerais en question provenant du Congo ou du Rwanda.