C’est un rapport explosif que vient de produire la Cour des Comptes sur la gestion des fonds affectés par le Fonds monétaire international (FMI) à la lutte contre le coronavirus en République démocratique du Congo. L’organe supérieur de contrôle des finances publiques met en lumière l’opacité dans la gestion de 50,7 millions de dollars utilisés par les équipes des ripostes entre avril et décembre 2020. Montant provenant de la facilité rapide de crédits (FCR) de 363,27 millions $, transférés au pays par le FMI, après approbation de son conseil d’administration en avril 2020.
Ce rapport, que nous publions en exclusivité, dans plusieurs épisodes révèle des problèmes de respects de procédures, qui ont pour conséquences le détournement de fonds publics. Comment ces 50,7 millions de dollars ont été gérés?
«Dans le cadre de la riposte contre le Covid 19, la société Navitrans RD Congo avait été contacté par le Docteur Roger Kamba, conseiller spécial du chef de l’état en charge de la couverture maladie universelle et coordinateur de la Task Force présidentielle de la riposte contre le Covid 19, afin de se charger des formalités de dédouanement et de transport de Matadi à Kinshasa de six containers restés sous douane au port de Matadi pendant plusieurs mois, que le propriétaire, l’Ong Elikya N’a biso, a cédé à l’Etat congolais. Le fret maritime, le transport des conteneurs de Matadi-Kinshasa et la TVA ont été évalués à 157.099,78 USD, d’après la facture de Navitrans présentée à la taskforce présidentielle », racontent les enquêteurs dans le rapport.
Pourtant précise la même source, ces six conteneurs avaient été exonérés le 24 Avril 2020 par le ministère des finances. « Comment Sele Yalaghuli va encore payer à Navitrans le somme de 157.099,78 USD en procédure d’urgence pour le transport de Matadi-Kinshasa, le fret maritime, la douane, la TVA et les autres frais d’usage », s’interrogent-ils ?
Un véritable camouflage ?
D’après les investigations de la Cour des Comptes, parmi les six conteneurs concernés par la facture de Navitrans envoyée la taskforce présidentielle, deux appartenaient à l’hôpital Saint Joseph, sous douane depuis près d’une année. Toutefois, insérés “frauduleusement” dans la facture pour faire supporter à l’Etat indûment des frais douaniers et de transport de Matadi à Kinshasa.
«Navitrans a affirmé à nos enquêteurs de n’avoir rien dépensé pour le dédouanement et le fret maritime. La somme de 157.099,78 USD n’a servi en réalité qu’à supporter les honoraires relatifs à l’enlèvement des containers et les frais de transports de Matadi à Kinshasa », nous confie la cour des comptes.
Pharmakina, un autre loup
La Cour des Comptes pointe aussi la magouille dans l’achat des produits pharmaceutiques auprès de la société Pharmakina. D’après son enquête, le contrat de production de 23.750 boîtes d’hydroxychloroquine conclu avec la Taskforce présidentielle, fixait le prix unitaire d’une boîte à 15 dollars, soit un total de 356.250 dollars américains. C’est sur base de ces données que le Trésor public a effectué le 31 Mars 2020, un virement de 178.125 dollars au compte bancaire n°05000002702 de ladite société logé à la Rawbank, représentant 50% de la commande.
« Le 2 avril, soit 48 heures après le paiement de l’acompte de 50%, la société Pharmakina informe le directeur de cabinet du chef de l’Etat de l’actualisation de son offre de prix qui passe de 15 à 35 USD, soit une augmentation unitaire de 133,33%», renseigne la cour des comptes.
Et d’ajouter, « à la date du 18 juin 2020, au lieu de 11.875 boîtes valant les 178.125 dollars reçu du trésor, Pharmakina n’a livré que 5.900 boîtes d’hydroxychloroquine au prix unitaire de 35 dollars. Jusqu’à fin novembre 2021, la société n’a pas procédé à la livraison des boîtes restantes de 6.785 pour un montant de 101.775 USD ».
Répondant aux préoccupations des experts de la cour des comptes, le gouvernement a pris des observations de la cour des comptes et a promis de faire la lumière sur le dossier.
Tshisekedi.com
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