[Enquête] Kongo central: les 4 vérités de l’affaire Socorep RN1

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Photo: Les agents de péage du Secorep sur la route Kenge-Kasa Ngulu

La délégation des agents du service de contrôle des recettes des péages (Secorep RN1)  révoqués par le gouverneur avec 36 mois d’impaiement demande au gouverneur Atou Matubuana de réhabiliter leur service et de payer les arriérés qu’ils accusent. Ces agents se demandent la vraie raison qui a conduit le gouverneur de province à abroger ce service  pourtant celui-ci a contribué à l’augmentation des recettes des péages.

Le collectif de ces agents a adressé un mémo au Président de la République pour dénoncer cette décision du gouverneur qu’ils qualifient de licenciement abusif et exigent le paiement de 36 mois d’arriérés.

L’arrêté provincial portant création de Secorep RN1 a été pris sur base d’un édit. Pour l’abroger, il a fallu que le Gouverneur consulte l’assemblée Provinciale », déclare  Roddy Ngoma, un des agents de cet ancien établissement. Mais avec la situation politique qui a prévalu dans la province avec  un gouverneur déchu par l’Assemblée provinciale  et puis après réhabilite par Kinshasa, les députés provinciaux ont perdu leur contrôle sur les actes du gouvernement provincial. Jusqu’à laisser passer cette décision qui a mis au chômage plus de 80 personnes. 

Ces agents qui sont en train de faire du bruit ne sont pas des agents secorep. Ce sont des personnes recrutées çà et là. On ne peut pas comprendre qu’on discute avec la délégation de secorep ici à Matadi et au même moment d’autres font des sit-in à  Kinshasa. Ce sont des politiciens véreux qui sont en train de monter des jeunes qui ne sont pas de secorep. La décision du conseil a été une décision réfléchie » affirme Maître Jean jacques  fukiabelo, secrétaire général du gouvernement provincial du Kongo central.

Violation de la loi

Un argument rejeté par le collectif des agents Secorep. « Nous ne reconnaissons pas ce groupe qui est allé voir Monsieur Murphy  Lutete le conseiller politique du Gouverneur pour discuter du dossier Secorep. En réalité ce sont des agents secorep qui au départ portaient les revendications des agents mais qui  ont été soudoyés moyennant des voitures pour se désolidariser de nous autres, » précise Anaclet Phambu chef de collectif.

Cette décision a été prise en violation de la loi.  Les raisons avancées ne sont pas valables.  En tant que Ministre des ITPR à cette époque, j’avais proposé au gouverneur de les mettre d’abord en préavis du fait que l’assemblée était fermée par le ministre de l’intérieur Mova et puis de calculer les indemnités de sortie avant de signer un arrêté pour abroger ce service.  Dans cet arrêté, il n’a pas mis fin à ce service mais c’est comme un congé technique. Pour ce député il faut réhabiliter les agents de secorep et ensuite ouvrir des négociations entre le responsable de secorep, le ministre de finance et du budget pour dégager l’enveloppe pour les indemnités de sortie.   Une fois c’est fait, l’assemblée peut prendre un édit pour abroger le service», affirme Papy Mambo Luamba, député provincial et ministre honoraire des infrastructures et travaux publics.

Comment Secorep/RN1 a été créé?

Conformément à la loi 08/012 du 31 juillet portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces spécialement en son articles 28, il a été créé dans la province du Kongo Central, un comité chargé du contrôle et suivi des recettes de la concession route nationale N°1 Kinshasa-Matadi par arrêté provincial du 05 juillet 2014.

Étant donné que l’Etat congolais le concédant est lié à la société chinoise Sopeco, le concessionnaire par un contrat pour la gestion de la dite concession, il était nécessaire qu’un service du concédant soit installé pour le contrôle des recettes réalisées et du trafic des véhicules.

Selon les statistiques consultées, depuis sa création en 2006, la Sopeco réalisait des recettes mensuelles d’environ 1.800.000 USD. Mais depuis l’installation du comité de contrôle en 2014, les recettes avaient presque triplé pour atteindre 4.000.000 USD.

C’est ainsi que le gouverneur de province a transformé ce comité en service public par arrêté provincial du 18 janvier 2018. Service jouissant d’une autonomie de gestion, ses agents étaient rémunérés sur base de la rétrocession allouée par le concessionnaire à la province du Kongo central.

Tout a changé après la mort du gouverneur Jacques Mbadu.  Depuis juillet  2018 jusqu’en janvier 2020, il n’y avait plus eu de salaire. Le nouveau gouverneur à saboter ce service et pourtant il avait contribué à l’augmentation des recettes des péages”, affirme monsieur Anaclet Phambu.

Ce n’est pas par contre l’avis des proches du gouverneur qui défendent la décision prise en affirmant que le service était indispensable et qu’il coûtait à la province. “Secorep est un service de contrôle, il est vrai que le contrôle a son pesant d’or car, il faut savoir combien le péage fait entrer pour qu’on vous donne les droits qui vous reviennent. Aujourd’hui la province n’a pas un pourcentage bien fixé issu des recettes des péages. C’est un forfait de 100.000 dollars américains. On va mettre un service de contrôle pourquoi faire ? Que les péages produisent 1.000.000 USD ou 20 dollars  on vous donne toujours 100.000 USD. Si la province avait un pourcentage bien déterminé en ce moment-là il serait opportun de maintenir une équipe  de contrôle pour vérifier  l’exactitude des recettes générées par les péages pour avoir l’idée nette du pourcentage qui doit revenir à la province”, réagi Me Jean Jacques Fukiabelo secrétaire du gouvernement provincial du Kongo central. 

Avant la création de ce service, le concessionnaire versait 10 pourcent mais suite aux conflits politiques entre le gouvernement provincial et  le gouvernement central, celui-ci a été réduit à un forfait. « Le Secorep est devenu un service budgétivore pour la province parce que le paiement de ces agents coûtait plus de 50 000 dollars. Encore que les salaires de ces agents ont été fixés en dollars et non en franc congolais, c’est qui est une violation en violation de la loi. Après toutes ces analyses, le conseil des ministres a constaté que c’est un service qui n’avait plus d’importance pour la province et a pris la décision de l’abroger » poursuit Jean Jacques Fukiabelo.

Alors que les agents secorep confirment l’impaiement  des 36 mois d’ arriérés de salaires, le secrétaire du gouvernement provincial nie et affirme que ces agents sont payés. « Lorsqu’on paye les membres du gouvernement et les fonctionnaires en province, on paye aussi les agents Secorep», poursuit Jean Jacques Fukiabelo.

Matubwana bouscule tout

Le collectif affirme que depuis l’intérim du Gouverneur Matubuana jusqu’aujourd’hui, ils n’ont reçu que 8 mois de salaire. Contacté par notre rédaction, Papy Mambo, député provincial et ancien ministre provincial des ITPR du gouverneur Matubuana ne croit pas aux arguments avancés par le secrétaire du gouvernement provincial. «J’ai assisté à des réunions de conciliation entre Sopeco, ITPR, et l’office de route lorsque j’étais au gouvernement. L’enveloppe c’est 150 000. USD. Dans cette enveloppe, 50 000 $ était destiné à la rémunération des agents et les 100 autres pour l’entretien des routes en province» nous révèle Papy Mambo.

Quelle est alors la vraie raison qui a poussé le gouverneur à prendre cette décision? Selon le député provincial Papy Mambo cet argent a été hypothéqué par le gouverneur Atou pendant trois ans, donc jusqu’en 2021. « Le Gouverneur s’est engagé sans l’avis du gouvernement avec M. Simon Cong, propriétaire de la Société de gestion de péage au Congo (SOPECO) et ce dernier à payer une dette de 5 millions USD à Fretin Construct Sarl représentée par Landu Panzu Konde Simon, gérant statutaire) et pourtant cette dette avait déjà été payée à l’époque par les gouverneurs Fuka unzola et Nsasa Ditumba» avant d’appeler le gouverneur de revenir à sa décision prise en violation des lois 

Afi’du

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