Au cours de la conférence de presse tenue le samedi 12 juin 2021 à Goma, le Chef de l’Etat a présenté Dr Andrew FORREST, Entrepreneur Australien et patron de la firme Fortescue Metal Group, (FMG), comme étant l’investisseur le plus sérieux et qualifié pour mettre en œuvre le projet Grand Inga.
Pour la société civile ce contrat viole la souveraineté de la République Démocratique du Congo. Depuis, le débat est sur les lèvres de plus d’un congolais au sujet du plus gros contrat de l’ère Tshisekedi. En jeu, l’Etat vient de confier à Forrest l’exploitation exclusive de plus de 70 GW, à partir des projets Inga 4, 5, 6,7, 8 ; du projet Mpioka ; du projet Matadi et des turbines pluviales à débit d’eau naturelle pour alimenter les industries vertes qui seront implantées dans le site de Banana au Kongo-Central ?
Pourquoi ce contrat dérange-t-il ?
Dans une analyse technique parvenue à Tsieleka.com la Coalition des Organisations de la Société Civile pour le Suivi des Réformes et de l’Action Publique (Corap) révèle que les négociations en cours entre le gouvernement congolais et Fortescue Future Industrie, succursale de FMG, se font de gré à gré, alors que la loi portant secteur de l’électricité dans son article 39 1er alinéa, stipule que « les concessions et les licences sont accordées sur la base d’un appel d’offres conforme aux procédures de passation des marchés publics ». Et de poursuivre “le 3ème alinéa table sur les modalités de sélection des opérateurs, d’attribution des concessions, de leur modification et de leur annulation qui sont fixées, sur proposition de l’autorité de régulation du secteur de l’électricité, par décret délibéré en Conseil des ministres”.
Même si ce contrat va apporter plus de 100.000 emplois aux congolais, l’inquiétude demeure. “Les ressources géothermiques identifiées au nord et sud Kivu et dans l’ex Katanga n’ont pas été évaluées par le gouvernement congolais. Aucune étude de faisabilité n’a été menée jusque-là pour permettre à l’Etat d’évaluer le potentiel énergétique qui sera exploité par l’australien. Dans tout ça, les populations vont gagner 4 à 20 % du bénéfice de l’électricité exploité”, dénonce Justin Mobomi, membre du Corap.
Et d’ajouter : “ce qui est plus grave est que Fortescue demande à ce que tous les sites identifiés, lui soient attribués comme un droit de propriété. Personne, ni le gouvernement n’aura accès à ces différents sites. La crainte est qu’au Kongo central, il y a plusieurs matières premières. La vente de ces sites donnerait lieu à l’exploitation d’autres ressources naturelles que le gouvernement ne maîtrise pas. Nous pensons que c’est un contrat léonin, une manière de brader le sol congolais. Nous demandons au Président de la République de publier ce contrat”.
On est loin des intérêts privés dans ce dossier d’exploitation énergétique dans le grand Inga. « La présidence veut créer son adpi (Agence pour le développement et la Promotion du projet Grand Inga), tout écartant celui laissé par Joseph Kabila et placé ses hommes pour suivre le projet avec Forrest », nous confie une source proche du gouvernement. Ce service de Joseph Kabila, est chargé du suivi du contrat de développement exclusif signé entre l’Etat et le consortium chino-espagnol, dont l’accord est au point mort.
Pour rappel, la RDC a un potentiel hydroélectrique de 100.000 mégawatt, dont 40% se trouve sur le site d’Inga. Le consortium chino-espagnol avait proposé un budget de 14 milliards $ pour développer le projet. Fortescue prévoit d’investir environ 20 milliards $ pour développer l’électricité dans plusieurs sites.
Valéry Bakutweni