[Dossier] Kasaï-Oriental: pourquoi le gouverneur Jean Maweja a été soigneusement évincé de la tête de la province?

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Photo: le gouverneur déchu du Kasaï-oriantal

Les choses sont allées très vite au Kasaï-oriental. L’unique gouverneur élu sur la liste de l’Union pour la démocratie et le progrès social (Udps) Jean Maweja a été déchu le 1 avril, deux jours après la rentrée parlementaire de l’assemblée provinciale. 13 sur 17 députés ont voté pour son départ.

Tout a commencé à la session ordinaire de septembre 2020. Au terme d’une mission de contrôle parlementaire, le rapport de la commission fait état de plusieurs griefs contre le gouverneur Maweja. Il s’agit notamment de l’ouverture de 12 comptes opaques dans différentes banques. 

“D’abord ouverts à la BCDC avec 4 comptes, dont deux pour les recettes et deux autres pour les dépenses en dollar et en franc congolais. Ensuite, la TMB dispose de quatre comptes : deux pour la gestion du fonds covid-19 et deux autres pour autres choses. Enfin la Rawbank a six comptes de la province, dont l’un transitoire et 5 autres pour les recettes et les dépenses”, précise le même rapport.

Toute fois, les conclusions du rapport n’ont pas été débattu en plénière. Après un conflit entre les deux organes, dont l’assemblée provinciale et le gouvernorat, le rapport a été enterré après médiation de haut niveau à Kinshasa, menée par la hiérarchie de l’Udps. Néanmoins, cette fois la raison a semblé l’emporter.

Une population toujours pauvre

Dans le document débattu en plénière, les élus provinciaux révèlent que le gouverneur Maweja n’a pas su relever le vécu quotidien  de la population. Alors que ce dernier avait promis y penché en mobilisant 166 millions USD par an. Dans la pratique, le gouverneur propose par exemple 188 milliards de FC en 2021, soit environ 90 millions USD, ont constaté les députés pétitionnaires.

“La taille du revenu des ménages se présente comme suit: 32,2% se classent dans la tranche de plus de 10.000 FC; 27,1% dans la tranche de 10.000 FC à 50.000 FC; 19,5 dans la tranche de 50.000 FC  et 100.000 FC, et 21,2% dans la tranche de  de plus de 100.000 FC. Il paraît clairement à travers cette analyse qu’environ 78,8% des ménages ont un revenu inférieur à 100.000 FC”, souligne la pétition que Tsieleka a consulté.

Suite à ce tableau sombre, les élus provinciaux attestent que le plan social du gouverneur est à des millions de kilomètres des solutions aux problèmes sociaux de base.

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Abus de pouvoir

Sur la liste d’une centaine de griefs retenue contre Jean Maweja, les pétitionnaires ont pris soin d’intégrer la prise des actes administratifs en violation de l’organigramme de son cabinet. Par ailleurs, “Certains des arrêtés du gouverneur désaffectent et ouvrent la voie au lotissement des concessions privées de la société Miba (Minière de Bakwanga), dans l’intérêt d’octroyer à lui-même et à ses proches des parcelles »

Dans son programme présenté en 2019, Jean Maweja avait promis d’organiser le secteur minier. La construction d’un grand marché moderne d’achat des diamants était sa priorité. “Le constat démontre lui-même, qui est issu des rangs des diamantaires, non seulement il n’est pas en bonne relation avec ses pairs, mais aussi, il n’a pris aucune initiative censée organiser le secteur”, explique les députés provinciaux pétitionnaires.

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Pas d’investissement en provinces

Depuis son arrivée au pouvoir en 2019, les investissements se font toujours attendre. L’accès de la population  à l’eau potable est estimé à 16%, le potentiel hydro-électrique de 10.000 Mégawat demeure inexploité. Les promesses de modernisation des marchés Wetrafa, Bakua Dianga et la construction de la cimenterie de Lubilanji sont restées sur le papier.

Dans l’exécution des allocations budgétaires, le constat est encore décevant. Le montant global des investissements pour assainir le secteur routier et aérien à fin juin 2020 s’est chiffré à 24 milliards de FC (13 millions USD) contre une prévision linéaire de 95 milliards de FC (52 millions USD), soit 25%. De ce montant, les investissements sur ressources propres ont connu un paiement de  767 571 174,98 FC (423.137 USD) pour achat d’équipements. Une année avant, soit en 2019 la rubrique budgétaire n’a connu aucun décaissement.

Valéry Bakutweni

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